Il s'agit pour moi du meilleur film de John Carpenter à ce jour. Plus de trente ans après sa sortie, l'oeuvre n'a pas pris une ride, ce huis-clos terrifiant aux effets spéciaux en avance sur leur temps (pas un seul effet numérique) est l'exact opposé d'un certain film sorti la même année: E.T.
Spielberg offrait sous l'ère Reagan une vision de l'autre (l'extra-terrestre) assez sympathique au final, fédératrice, attachante, gentille. E.T. était un film pop-corn de qualité qui nous caressait dans le sens du poil, beaucoup ont versé leur petite larme, surtout les enfants.
THE THING c'est l'antithèse de E.T.: pas fédérateur, étouffant, pessimiste, viscéral. The Thing fit un bide au box-office, tu m'étonnes! Qui avait envie en 1982 de voir des corps calcinés, déformés et une fin si nihiliste ? Les européens peut-être et encore. Bref, une vision dérangeante de notre humanité face à ce que l'on ne comprend pas !
Depuis, The Thing est entré au panthéon des meilleurs films de terreur de l'histoire, c'est normal puisque John Carpenter prend son sujet très au sérieux et le résultat est visible dans chaque plan. Le cinémascope donne un cachet certain à l'oeuvre, la musique très électronique (mais pas que) de Ennio Morricone ajoute une touche de mystère, elle produit du malaise.
Le film est une évidente métaphore sur la maladie (peut-être le Sida qui commençait à se faire connaître) et la peur de l'autre (c'était déjà un peu le cas dans la version de 1951: La Chose était le Soviétique, en 1982 on se méfiait encore du Russe et de tout ce qui n'était pas américain), c'est un sommet du genre, que personne n'a jamais égalé depuis, pas même Carpenter.