The Thing par Mickaël Barbato
The Thing est sans doute le film d'horreur le plus couillu de l'histoire. Que ce soit dans le contexte de sa sortie, alors que le monde n'avait d'yeux que pour le ET de Spielby, ou dans ses choix artistiques, tout n'était que défi. Malheureusement, le film s'est proprement fait défoncer à l'époque par une critique qui était déjà bien à l'Ouest.
The Thing, ou comment installer un huis-clos parfait. On pourra toujours chercher, mais se retrouver sur la banquise à être la proie d'un monstre qui peut prendre la forme de n'importe quel entité organique est sans doute la situation la plus forte vue à ce jour. Très lovecraftien dans la forme (comment ne pas penser aux Montagnes hallucinées et aux fameux "monstres indicibles" si cher à l'écrivain maudit), le fond serait plutôt hitchcockien voir inspiré de Christie, tant la paranoïa est finalement beaucoup plus importante que la pure peur.
Et pour souligner ça, on a un Carpenter au sommet de sa forme, distillant des pistes et des contre-pistes avec un tempo parfait. Les initiés ne pourront que tomber à la renverse devant la séquence d'engueulade dans le couloir, réunissant tous les protagoniste dans un lieu exigu : il réussi pourtant à filmer un modèle de dialogue, au découpage et aux angles parfaits. Une scène à étudier, encore et encore.
Et, même si le travail sur les SFX, par un Rob Bottin en grande forme, font de The Thing un film terrifiant visuellement, c'est surtout l'ambiance visuelle, le choix de ne pas embarquer de femme dans l'aventure (pas de cris stridents ici) pour montrer l'homme devant sa panique, tout est fait pour marquer le spectateur durablement, lui donner l'impression qu'il ne pourra pas s'en sortir, lui jeter aux yeux l'apocalypse.
The Thing est, justement, le premier film de ce que Carpenter appelle "la trilogie de l'apocalypse", qui regroupe aussi les excellents Prince des Ténèbres et L'Antre de la Folie.
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