On connait le cinéaste japonais Hirokazu Kore-Eda pour ses nombreux et beaux drames familiaux tels que « Nobody knows », « Tel père, tel fils » ou encore « Notre petite sœur ». Pour la première fois dans un de ses films sortant chez nous il change radicalement de registre - en apparence seulement - en s’essayant au thriller judiciaire à tendance policière. Sur la forme, « The Third Murder » adopte un aspect de film procédural à l’américaine notamment dans le visuel et par le biais de certains de ses décors. Cependant, le rythme très (trop) plat dénote et nous rappelle, outre les acteurs asiatiques, qu’on est bien dans un film japonais. Et clairement, hormis un début prometteur et une histoire pour le moins intrigante de prime abord, le cinéaste est loin d’être aussi brillant ici que dans ses précédents films. Pire, on s’ennuie dans ce nouvel opus qui manque de panache.
« The Third Murder » dure plus de deux heures et elles semblent vraiment interminables pour le spectateur dont l’intérêt pour le film décroît à mesure que les minutes passent. La faute à un long-métrage beaucoup trop bavard et sans aucun rythme. Les longues logorrhées verbales entre les protagonistes, toutes plus sibyllines les unes que les autres, finissent par avoir raison de notre attention et nous endormir. Quand le film est terminé, on se dit qu’il y a bien une demi-heure de trop dans cette histoire aux lourds questionnements moraux mais sans rythme. Les scènes de parloir ou d’interrogatoire entre les différents protagonistes deviennent redondantes, certaines s’avérant même inutiles, et tout cela est filmé de manière tellement nonchalante qu’on décroche totalement. Et, surtout, à la fin on se demande où le cinéaste a voulu en venir puisqu’il ne boucle pas son intrigue et laisse les grandes questions posées en jachère.
On ne peut en effet reprocher à ce film d’être vide de sens. De grandes notions telles que la culpabilité, l’arbitrage du destin à la naissance ou encore le poids du passé sont mis en branle mais tout tourne autour de la notion de vérité. Et ces grandes thématiques abordées avec courage sont noyées dans une intrigue trop opaque. La résolution de l’intrigue semble caduque pour le réalisateur mais il en oublie son public en ne résolvant pas l’intrigue. Certains films qui laissent le fin mot de l’histoire à l’appréciation du spectateur sont réussis mais là on en ressort avec trop de points d’interrogations pour finalement pas grand-chose. Et les notions abordées le sont de manière tellement sentencieuse et sans vraiment de point de vue qu’on est plutôt saoulé qu’autre chose. On sent Kore-Eda plus attiré par le drame que le thriller, il aurait donc du réalisé un drame comme il a su si bien nous en offrir plutôt que de prendre le film de procès de travers et nous ennuyer. Espérons que son prochain opus présenté à Cannes retourne à ses fondamentaux.
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