Au départ, un meurtre, commis par un récidiviste Misumi, récemment sorti de prison après purgé 30 ans pour un double homicide. D'où le titre du film. Déboule un avocat, Shigemori, chargé de mission presqu'impossible de lui éviter, à nouveau, la peine capitale. Et, au fil des entretiens au parloir entre les deux précités et de l'enquête que mène le second auprès des proches du suspect et de la victime, les pistes se brouillent, se brouillent de plus en plus...
La quête de la vérité, en définitive, c'est un peu le sujet du film. Et c'est quoi la vérité d'ailleurs ? Et du coup, qu'est-ce que la justice ? Pardon, la Justice avec une majuscule ? Le film contient quelques très belles répliques autour de cette question. Et l'on voit un Shigemori, peut-être manipulé par Misumi (je dis bien peut-être, car rien n'est certain dans "The third murder"), abandonner peu à peu ses postures de ténor du barreau uniquement préoccupé la recherche de la stratégie juridique gagnante pour se vouer corps et âme à, justement, cette quête de la vérité. Vérité qui ne sera dévoilée au spectateur qu'en clair-obscur, en lui laissant une large part d'interprétation. Je ne peux pas en dire plus sans spoiler. Et puis, et c'est d'ailleurs toute la magie du film, je ne sais pas affirmer que mon interprétation des faits soit, de façon certaine, la bonne. Ouais, un formidable questionnement sur l'emprisonnement, la justice, la peine capitale, les circonstances atténuantes et tutti quanti, en définitive.
Après, sur la forme, c'est du grand art. Filmé magistralement, avec des plans d'anthologie, s'agissant notamment des têtes à têtes au parloir de la prison. Mais pas uniquement, car les scènes d'extérieur nous plongent dans un Japon triste, provincial, parfois humide et glacé. Et dans lequel, curieusement, on voit fréquemment les personnages s'alimenter. Et quelle tension psychologique, même en V.O sous-titrée. Car, à moins de comprendre la langue japonaise, on ne saisit jamais les mots exacts qu'emploient les acteurs. Ce qui n'empêche pas de ressentir la tension, omniprésente et qui culmine dans ces fameuses scènes de parloir.
Voilà, un excellent film sans aucun doute, difficile, je ne pense en avoir saisi toutes les clés. Mais à mon humble avis, du très bon cinéma.