Wong Fung aime à construire ses films d'arts martiaux sur des styles de combats étrangers. Ainsi, après avoir consacré un film au Taekwondo (When Taekwondo Strikes) et au Hapkido (le bien nommé... Hapkido !), c'est au tour de la boxe Thai de devenir le sujet d'une de ces œuvres, à savoir, The Tournament. Comme d'habitude, Wong reste fidèle et s'entoure de ses protégés : Samo Hung à l'action, Angela Mao et Carter Wong dans les premiers rôles. Une équipe rodée et soudé qui a fait la preuve de sa valeur. Ils le montrent une nouvelle fois ici.

Le concept du film est plutôt original, confrontant artistes martiaux Chinois à la pratique amateur aux boxers Thai professionnels. Une des forces du traitement, c'est de ne pas manichéiser cet affrontement de styles, entre deux arts martiaux fondamentalement différent dans leur approche. Les boxeurs Thai ne sont pas décrits comme des sadiques, des racistes comme pouvaient l'être les Japonais dans nombre de films de la période. Chaque art martial est montré avec ses forces et faiblesses et ramené à la pratique individuelle. Quant aux quelques Thaïlandais montrés comme des truands, ils ne symbolisent pas leur pays et sont avant tout les méchants de service sans que leur nationalité ne soit montée en épingle.
Hélas, ce respect envers les étrangers a des limites. Wong Fung ne peut pas s'empêcher de placer dans son récit des éléments nationalistes à l'intérêt discutable dont le plus grossier est sans nul doute cette sous intrigue à la « Bruce Lee ». Et arrive donc l'incontournable groupe de Japonais (grossiers et violents, comme toute personne originaire de l'archipel Nippon) qui veut prendre le contrôle du Kwon de nos héros. Caricatural... Mais il faut croire que ces éléments stéréotypés, dont la viabilité commerciale avait été démontrée auparavant, étaient vu comme un moyen facile et sur de capter l'attention du public. Mieux vaut se concentrer sur l'aspect bénéfique de ce cliché scénaristique (des combats à foison !) et ne pas chercher plus loin.

L'intrigue principale proprement dit, elle, ne manque pas de qualité. Le ton est résolument dramatique, décrivant longuement les conséquences, tragique, de la défaite des combattants Chinois dans la compétition de boxe Thai. Le maître Liu se voit rejeté par toute la communauté martiale dont il était un membre important jusque là et voit sa réputation brisée. Même si Wong Fung commet quelques erreurs dans la gestion de son récit (le rythme souffre de quelques maladresses comme le passage du recrutement de figurants), le traitement réaliste est passionnant et permet qu'on s'attache aux personnages davantage que dans le film de Kung Fu « moyen ».

Evidemment, l'action n'est pas oubliée. Une bonne part des combats consiste en ces fameux tournois de boxe Thai. A l'image du film, le style est réaliste. Les techniques de combat sont fidèles à chaque art martial, Samo et son acolyte ne s'autorisant que quelques rares mouvements spectaculaires afin d'épicer les chorégraphies. Mais là où les action director peuvent vraiment se lâcher, c'est dans le cadre de l'intrigue à la Fist Of Fury. Les duels virtuoses s'enchaînent alors ! Angela est en pleine forme, ses coups de pieds ont pris de l'assurance et sa détermination crève l'écran. Ses adversaires sont au diapason. Samo himself (toujours excellent pour mettre ses partenaires en valeur), le sous estimé Wilson Tong (combat sur des piliers peut être un poil trop ambitieux) ou le toujours impressionnant Wang In Sik (le meilleur combat du film). Notons aussi la présence d'un gweilo plutôt correct (il manque de vitesse et de précision mais fait de son mieux et a une technique valable), renforçant encore la mini filiation avec Fist Of Fury.

The Tournament aurait certainement mieux fait de se libérer de ses inspirations Bruce Leeiennes et assumer pleinement son idée de départ. Les combats indispensables à la réussite du film auraient alors pu être réintégrés dans cette intrigue. Mais même ainsi, malgré cette orientation bicéphale et parfois contradictoire, The Tournament demeure une petite réussite au crédit du sous estimé Wong Fung.

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le 25 févr. 2011

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Palplathune

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