Terrence Malick fait parti de ces cinéastes intellectuels et esthètes qui travaillent autant sur le scénario et l’image. Après des débuts marqués par le génie de La Ballade Sauvage de 1973 puis La ligne rouge 15 ans plus tard, il apparaît comme une figure phare et un de ces réalisateurs dont tout vrai cinéphile ne pourrait éviter. Longtemps attendu, The Tree of life nous vint miraculeusement en cette année 2011.
Le premier plan du film pose clairement les intentions de Malick. En effet on peut apercevoir une forme fœtale qui semble s’inscrire dans une dimension cosmique. On semble être placé en tant que spectateur comme à l’intérieur du ventre de la femme, nous le fœtus. Ce plan est très intéressant puisqu’il compare le fœtus à l’univers, la vie humaine et à la création de l’univers. Cette comparaison n’est pas sans rappeler le plan final du chef d’œuvre de Kubrick : 2001, l’odyssée de l’espace ; ce plan où ce fœtus disparaît lentement dans un fond étoilé de l’univers. L’ambiance est donnée, Malick va nous livrer un cinéma complexe.
Tout au long du film, le réalisateur va tenter de confronter les deux principales théories de la vie. La première, la plus scientifique est représentée par ces plans majestueux de l’univers. C’est la théorie de Darwin (associable à la théorie du Big Bang) qui pose la vie comme une création de l’évolution des espèces. A cette théorie s’oppose celle qui sera illustrée par Brad Pitt et son rôle de père stricte et typique des années 50 aux États-Unis. C’est la théorie de la Création chrétienne et de la genèse. Dieu nous a-t-il créé à son image ou sommes nous des chimpanzés plus futés ? Ponctué d’images sublimes et extraordinairement esthétiques, accompagné d’acteurs de grande renommée avec un Brad Pitt incroyable, un bref Sean Penn. Mais aussi une nouvelle révélation Jessica Chastain qui porte sur ses épaules l’ombre de Sissy Spaceck dans La Ballade Sauvage, cette jeune femme rousse candide et soumise à son mari.
Dans The Tree of life, la Nature qui est un thème récurrent et omniprésent dans l’œuvre de Malick, est traitée d’un point de vue intéressant. Quelle est la place de l'Homme dans cet univers chrétien ou évolutionniste ? Il s’intéresse à notre relation avec la Nature. Cet arbre planté dans le jardin familial et dont la mère dit à son fils « Tu seras grand avant cet arbre ». L’Homme croit plus vite que l’arbre mais il meurt aussi avant lui. Terrence Malick pose le problème de l’éphémère humain face à cet élément quasi-immortel. Cet arbre qui va voir jour après jour la vie de cette famille mais qui lui ne bougera pas, ne souffrira pas et restera là.
Au final, Terrence Malick nous livre une nouvelle fois un cinéma d’une extrême qualité, d’un travail de l’image et du scénario qu’il travaille durant toutes ces années et qui mérite sa récompense a obtenu au festival de Cannes de 2011. Il serait conseillé à tout spectateur qui ait envie de le voir (ou de le revoir), de connaître des œuvres antérieures de Malick, de Kubrick et de se pencher sur la définition du darwinisme. Un cinéma comme on l’aime, un film où il faut regarder plusieurs fois pour le déchiffrer totalement, un travail aboutit, un chef d’œuvre.