Super volontaire à l'idée de voir ce film dont j'ai longuement entendu parler, mais pas vu au cinéma parce que des fois j'aime pas voir "LE film du moment" au moment où tout le monde le voit. Des fois j'aime prendre mon temps, laisser passer la tempête des j'aime/j'aime pas et des "alors tu l'as vu?". Même si ça voulait dire rater une chance de le voir sur grand écran. Il y en aura d'autres.
Comme je le disais, très volontaire au début, confiant même. J'aime beaucoup "La Ligne Rouge" et "Le Nouveau Monde" (les 2 seuls que j'ai vu à ce jour en fait). J'étais prêt pour une expérience un peu différente, peut-être émouvante, à voir se dérouler les expériences de la vie, de la mort. Bref, tout ce dont j'avais entendu parler 3 ans plus tôt.
Le début ne m'a pas convaincu. J'ai bien aimé rentrer dans le vif du sujet, voir Jessica et Brad. Puis on m'a vite retiré ce plaisir pour une séance de documentaire sur L'histoire de la Vie. Bon, pourquoi pas au début, mais avec la voix off par dessus, non, ça passe mal. Admirons alors. Elles sont belles ces images, parfaites mêmes.
Comme il se doit d'arriver lorsque je m'ennuie pendant un film, mon cerveau pense. Je me suis dit que si j'étais démonstrateur de téléviseurs, je diffuserais le blu-ray du film en démo. Ou que si j'avais besoin d'un fond d'écran lors d'une soirée, ce film serait aussi parfait. Et puis "non, ils vont pas nous faire le coup des dinos quand même, j'ai bien compris où il voulait en venir". Ouf, que je suis médisant. .... Argh, si !! Dieu que c'est long, mais punaise, en quoi les dinos sont sensés m'éclairer sur la situation tragique de Jessica et Brad? (C'est une véritable question que je pose, je veux savoir !)
Ce n'est qu'après, au retour dans les retours en arrière, (Ya d'la graine d'Inception à ce niveau là) qu'à ces moments que la sauce a repris. Magique? Talent de conteur? Talent des acteurs? Sans doute un peu de tout ça. Tant mieux pour moi. Et puis l'ambiance s'est installée, une ambiance que j'ai aimé, dans ses éclairages, costumes, cette rue que j'ai maintenant l'impression de connaître. La moiteur des jours d'été. Ces après-midi à jouer au soleil, les images ont fait revenir des souvenirs que j'avais en moi, des histoires d'expériences familiales d'après guerre comme ma mère a pu en vivre, une figure paternelle dans l'air de ce temps. Des questionnements à taille d'enfant. Et encore une fois ces éclairages, cette photo... Bon sang quel talent, j'avais l'impression de sentir la température qu'il faisait.
Enfin, le moment de dire au revoir. J'avais jamais vu le deuil traité de cette façon, une porte ouverte, le soleil, des moments bizarres mais pourquoi pas, des mains, beaucoup de mains, souvent les mêmes. C'était nouveau.
De juste beau le film est devenu intéressant. Mais ce film me fait maintenant surtout penser à des émotions que j'ai pu ressentir face à des peintures. Je ne demande pas à ce que tout soit toujours facile d'accès. Dans une conversation cinéphile je ne citerai certainement pas ce film en parlant de modèles narratifs proches de la perfection, ou d'empathie extrême envers les personnages, mais je le garderai en mémoire pour avoir tenté de sortir des cadres rigides du cinéma américain. (Oui, ils sont rigides) Du coup, peut-être le film aurait-il pu aller encore plus loin.
Au moins, c'est un film que je garderai en mémoire. Et reverrai. C'est gagné alors.