The two Jakes n'est pas une enquête de plus de J.J. Gittes. Si l'on excepte qu'ici le pétrole remplace l'eau, c'est bien la suite directe de Chinatown. Mais Jack Nicholson, Robert Towne et Robert Evans semblent si désireux de s'inscrire dans le prolongement du premier film qu'il est simplement impossible de comprendre l'histoire si l'on n'a pas vu celui de Roman Polanski, et si on ne le connait pas par cœur sur le bout des doigts... Plus encore que l'avoir vu, il faut avoir été sensible à son atmosphère, et ce bien au-delà du côté détective privé blasé sur fond de Los Angeles des années 30/40. J.J. Gittes finissait marqué à vie, plus mort que vivant à la fin du premier film. Le voilà à nouveau renvoyé à son passé, par une affaire qui ressemble étrangement à celle qui l'avait lessivé des années plus tôt.
Robert Towne, habitué des scénarios alambiqués, fait plus alambiqué que d'habitude. Jack Nicholson metteur en scène fait des images superbes, et la photo du film est sublime. De mémoire, la production avait été chaotique et on comprend parfaitement pourquoi, car le soin apporté à la réalisation laisse à penser que tout ça à du coûter un maximum.
Quelques bémols malgré tout. La musique est loin d'être aussi marquante que dans le film de Roman Polanski. Certaines scènes sont de trop, alors qu'absolument rien n'était à jeter dans Chinatown. Et les personnages féminins sont trop caricatures de femmes fatales et fragiles, largement moins bien écrits que dans le premier film. Mais pour tout admirateur de Chinatown, le film est un vrai plaisir.