La terreur tendance catho, ça, tout le monde connaît. C'est même usé jusqu'à la corde : Satan, les exorcismes, l'eau bénite, les crucifix, même si certains cinéastes ont trouvé des utilisations plus originales que de simplement les retourner...
The Vigil a ceci d'original qu'il s'illustre dans une culture moins immédiatement évocatrice, tendance juive orthodoxe.
Oui, il utilise la thématique traditionnelle de celui qui remet en question sa foi et essaie de s'en détacher. Mais Keith Thomas ancre son intrigue dans une unité de lieu et de temps, dans un huis-clos claustro bien poisseux. Il décrit son personnage principal prisonnier de son trauma, de la pesanteur de sa communauté et de ses coutumes. Une communauté en vase clos.
Keith Thomas a tout compris : il étire ses plans pour instiller la tension, pour que le spectateur guette un mouvement et ait le temps de se demander comment cette veillée plus que funèbre tombera dans l'horreur. Pour qu'il remplisse lui-même l'écran avec sa peur. Il explore à son avantage les dogmes et la mythologie, pour les enfoncer peu à peu dans des hallucinations prenantes, des perceptions fulgurantes de la douleur physique et du malaise psychologique.
The Vigil rappellera donc beaucoup de bons souvenirs de cinéma horrifique : L'Exorciste, à l'évidence, pour son encrage religieux, The Jane Doe Identity, pour ses longues pauses tendues, [●REC], pour cette salle expliquant l'origine du mal, ou encore une légère impression de L'Echelle de Jacob.
Et si le film ne réinventera jamais la roue de l'horreur, il se montre plus qu'efficace, en adoptant un récit rectiligne dégraissé jusqu'à l'os de toute sous-intrigue parasite, et ramassée en moins d'une heure trente générique compris. Pas de vagabondage inutile qui susciterait l'ennui, la caméra colle au malaise éprouvé par Yakov, ainsi qu'à sa culpabilité traumatique dont semble se nourrir la menace, qui joue avec lui comme un chat le ferait avec une souris.
Et si, sans doute, beaucoup hurleront à l'utilisation immodérée du jump scare, ces faux dévots, visiblement, devraient apprendre à compter... Et il oublient malheureusement de vous préciser que le procédé fonctionne à plein et illustre quelques sacrés moments de trouille. En effet, Thomas ne l'utilise jamais pour mieux le désamorcer immédiatement ensuite, comme les réalisateurs opportunistes ou cyniques peuvent le faire aujourd'hui.
Rien que pour pour son ambiance bien poisseuse et son arrière plan pas souvent arpenté, bouder The Vigil serait une hérésie, tant le film se montre réussi et se fait pardonner sa maladresse dans l'utilisation de la musique ou un léger manque d'ambiguïté dans sa dernière ligne droite.
On pardonne beaucoup aux premiers films qui se montrent aussi accrocheurs.
Behind_the_Mask, like a prayer.