Walter Vale est un professeur d'université du Connecticut, du moins ce qu'il en reste. Absent, fané, desséché, hermétique aux joies de la vie, abandonné par toutes ambitions, il est de ces personnes qui ne semblent plus trouver de saveur dans leur quotidien. Sous les traits de Richard Jenkins, véritablement brillant dans cette sobriété morose, il lutte contre toutes les possibilités qui pourrait l'éloigner de son quotidien terne et de sa routine pourtant pesante.
Malheureusement, il ne peut refuser un aller-retour à Manhattan pour une conférence. De retour dans son vieil appartement, ce qui s'apparente à un supplice pour ce quinquagénaire au visage fermé va finalement l'amener à s'ouvrir lorsqu'il découvre un couple de squatteurs.


C'est alors le début d'une aventure, de celle dont on sort transformé. C'est ce petit coup de pouce du destin dont on ressort différent. C'est cette expérience aigre-douce qui vous donne ou vous prend quelque chose mais dont vous ressortez grandi. Ce sont ces petits riens sur lesquels on a longtemps oublié de s'attarder car la vie n'a pas toujours été tendre. Ce sont les plaisirs retrouvés de l'expérience, de la rencontre, les sentiments qui se dessinent en filigrane lorsqu'on se sent de nouveau utile, pour quelqu'un, pour quelque chose. C'est un combat, une lutte à laquelle on veut prendre part, quitte à en ressortir blessé. C'est sentir, ressentir de nouveau les choses. Sortir de cette marge routinière, de ce piège à la fois si cosy et si déprimant pour aller embrasser des convictions, des risques, pour se chahuter un peu et sortir de sa zone de confort.
Il plane sur The Visitor une sensation de perpétuelle amertume et le jeu tout en retenu de chacun des acteurs en est l'image la plus flagrante.
Qu'on se révolte ou qu'on se résigne, on pourrait s'attarder sur le fond très politique du film et débattre pendant des heures mais ce n'est pas à mon sens le but recherché par Tom MacCarthy. Il n'y a pas de dénonciation derrière sa caméra. Il n'y a qu'un miroir, un miroir qui relate sans le déformer un concours de circonstances à la suite duquel des personnages vont devoir se débattre avec leur choix.
The Visitor est un film simple et sans esbrouffe. C'est un récit touchant teinté d'espoir et de renoncement, parfois drôle et tendre mais bien souvent dur, qui nous relate une rencontre éprouvante et émouvante.

RicowRay
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le 29 sept. 2017

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