"Sing a happy song" ♪ ♫ ♪

The Voices est le premier film américain réalisé par Marjane Satrapi. Elle porte ici à l'écran un scénario longtemps placé sur la liste noire des producteurs américains, car jugé trop complexe. À l'image de son héros aux multiples personnalités, le film se promène à travers différents genres cinématographiques. Le thriller côtoie la comédie qui peut s'avérer également romantique.

Marjane Satrapi s'est énormément renseignée sur la schizophrénie et en a exploré tous les aspects, de la double personnalité à la maniaquerie extrême. Elle parvient à nous rendre attachant un personnage de psychopathe, de schizophrène, bref un tueur en série. Sa réalisation est enjouée et bien menée, accentuée par des partis pris décalés. The Voices est un film drôle aux couleurs saturées et à l'ambiance confinée, surtout concernant les scènes se déroulant dans l'appartement de Jerry. La dichotomie entre son monde imaginaire et la réalité est le principal ressort scénaristique du film. Tout se joue sur cette vision biaisée du monde. Un monde fantasque, où tout est enjolivé, où les papillons volent autour des jolies filles, qui le reste, jolies, même après avoir eu la tête coupée. Et un autre, bien plus réel, où les crimes ne sauraient rester impunis.

Le gros point fort du film c'est que l'on apprend que Ryan Reynolds sait jouer. Les rôles féminins sont également intéressants, sexués comparé à Jerry qui a plus le comportement d'un enfant et qui ne sait pas toujours comment réagir. On hésite entre lui attribuer un comportement enfantin ou celui d'un homme un peu simplet.

The Voices est un exercice style réussi qui apporte un regard nouveau sur un personnage atteint d'une pathologie déjà traitée au cinéma. Ce conte délirant aux accents burlesques, est une comédie originale à l'hémoglobine délirante. Avec un film rythmé, Marjane Satrapi parvient à nous surprendre, même si l'abus de bande annonce peut nuire à la pleine appréciation du film.