Il faut remettre les choses dans leur contexte. J'ai une peur phobique du vide. Vous comprendrez donc pourquoi en allant voir The Walk en 3D (Une 3D formidablement utilisée par Zemeckis pour nous donner une expérience littéralement vertigineuse), j'ai vécu une expérience comme rarement j'en ai eu l'occasion dans une salle de cinéma. Je plains d'ailleurs les personnes qui ont eu la malchance de se trouver dans la même salle que moi, tant j'ai ponctué la dernière demi-heure du film de bruits divers et d'exclamations sur le mode: " Merde... Arrête... N'y retourne pas... T'es un malade... C'est un malade... Aaaaarghl.... Nghiiiii....", j'en passe et des meilleurs.
Sans compter mes quasi crises de tétanie dues à une crispation intense de chacune des fibres de mon corps dans les moments ou Philippe Petit fait le funambule comme un taré.
C'est donc très difficile de donner une note objective à ce film, tantl'expérience fut presque traumatisante pour moi.
Une chose est sûre, on avait plus vu Zemeckis dans cette forme là depuis un sacré bail, et The Walk s'inscrit dans la liste de ses films les plus réussis.
Le début du film est certes sympathique, mais ne s'élève pas vraiment plus haut que n'importe quel biopic classique. C'est dans la seconde partie du film que Zemeckis déploie tout son savoir faire de réalisateur. La préparation de la traversée est filmée comme un film de braquage avec beaucoup de rythme et une énergie communicative. Mais c'est surtout la dernière demi-heure de film qui me marquera probablement à jamais. Un mélange de tension insupportable, de sérénité très zen, et de poésie envahi chaque image, chaque plan, pour donner des sensations rarement atteintes à ce niveau dans une salle obscure. L'ami Robert joue avec ses spectateurs comme Philippe Petit joue avec les forces de l'ordre. Il y a presque un coté sadique de sa part, le salaud!.
Bref, je suis sorti de la séance comme si j'avais fait un marathon trois fois de suite, et j'ai eu besoin de prendre quelques minutes dans la salle pour me remettre,ainsi que m'enfiler quelques breuvages alcoolisés par la suite pour me calmer, tant cette expérience fut frénétique.
Il faut évidement parler de Joseph Gordon-Levitt qui est impressionnant de bout en bout, et fait beaucoup pour nous emmener avec lui dans la folie de ce personnage hors norme. Son accent frenchy en anglais est bluffant, et on voit aussi tout le travail qu'il a effectué pour gommer son accent anglais lorsqu'il parle la langue de voltaire. Certes, sur les phrases, un peu longues, et malgré tous ses efforts, le spectateur francophone remarquera qu'on a affaire à un américain imitant à la quasi perfection un français de souche, mais je suis certains que le public anglo-saxon sera pratiquement incapable de noter ces subtilités.
The Walk est peut-être aussi le premier film à rendre hommage à la chute des tours, et aux personnes qui y sont mortes, sans mentionner une seule fois la catastrophe, sans avoir l'air d'y toucher, sans même la moindre allusion directe, et surtout! sans lourdeur ou pathos excessif (pas comme l'horrible chose d'Oliver Stone avec Nicolas Cage). Simplement en remplaçant les images que tout le monde garde de ces lieux et des événements qui s'y sont déroulés par un Philippe Petit marchant sur un fil entre les deux tours; pied de nez d'un artiste à tous les destructeurs, et qui semble déclarer: la beauté de mon geste, mon courage, et l'émerveillement qui en découle sont inscrits dans la légende, et continueront d'être conté. Vous n'êtes rien en comparaison. Lorsqu'on vous aura oublié, on pensera encore au fou magnifique qui a marché entre ces deux tours et qui continue à y marcher, pour toujours.
En résumé: The Walk n'est pas un grand film, mais c'est un film impressionnant de maitrise technique, formidablement mis en scène et qui provoquera en vous des sensations à la limite du supportable, en tout cas, si comme moi vous êtes particulièrement impressionné par les hauteurs..