Pendant plus d'une heure, il est difficile de reconnaître Robert Zemeckis derrière The Walk, où les rêves et prouesses de Philippe Petit s'imposent à nous dans un conte burlesque déséquilibré. Dès la première image saute à nos yeux le défaut majeur du film, sa narration : Joseph Gordon-Levitt, perruque et lentilles rutilantes, s'adresse à nous au sommet de la Statue de la Liberté, commentateur de sa propre aventure, anesthésiant de son pouvoir cinématographique. Dommage de voir Zemeckis marcher sur ce câble de la facilité, tout comme l'évidence bien américaine de s'accaparer l'ADN du cinéma de Jeunet puisque le protagoniste principal est francophone. Les enjeux de celui-ci sont fantômes, peinant à nous donner des ailes, bousculé par le zéphir parfois caricatural de la musique d'Alan Silvestri. Le réalisateur nous perd rapidement... jusqu'à ce que son véritable personnage principal fasse son entrée : le World Trade Center, adrénaline du rêve, symbole de la mélancolie, un espace purement cinégénique où se déchaîne enfin les tripes et la poésie du cadre de Zemeckis, et le moteur de son récit par la même occasion. D'une naïve extravagance, The Walk n'est pas l'expérience que l'on pourrait attendre, mais en son cœur se cache une poignante lueur de nostalgie que les tours jumelles reflètent dans la nuit avec fierté.
http://shawshank89.blogspot.fr/2015/10/critique-walk-rever-plus-haut.html