La carrière de Robert Zemeckis semblait s'être embourbée dans le motion capture depuis quelques années.
Moins bien que Roger Rabbit et moins bien que la prise de vues réelle ayant porté aux nues ce réalisateur avec des films tels Back to the Future ou Forrest Gump, tout espoir semblait perdu pour les fans de ce réalisateur.
Son dernier film en date, "Flight", étalait les bons sentiments et sa morale pendant presque deux heures sans aborder les sujets extrêmes et palpitants dont le réalisateur avait fait sa marque de fabrique avec Death Becomes Her, Contact ou Cast Away.
Et puis miracle, Robert Zemeckis a réalisé The Walk. Un film qui n'a l'air de rien, mais qui marque le grand retour de Zemeckis comme réalisateur et scénariste.


Adaptant ici la biographie du funambule Philippe Petit, le film nous transporte dans la vie de cet artiste de rue qui un jour, se lance dans le projet ahurissant de tendre un câble entre les deux tours du World Trade Center pour y faire l'équilibriste, en dépit des lois, des dangers, et de tout ce qui aurait normalement dû reléguer ce projet fou à une mauvaise idée pour toute personne normalement constituée.
Et la mise en place de ce personnage, très réussie, nous permet de comprendre ce qui le pousse à suivre son rêve complètement fou.
Le film fait preuve d'une réalisation absolument impeccable. Zemeckis, l'un des plus grands magiciens des effets spéciaux de Hollywood (rappellez-vous de Forrest Gump qui serre la main de Kennedy, ou des effets spéciaux de Death Becomes Her), fait virevolter sa caméra autour du filin de Philippe Petit, comme par magie, même en pleine altitude. La distance, l'altitude, la poésie de ce geste artistique ambitieux, tout est utilisé par Zemeckis pour donner à son film un souffle épique et puissant.
Joseph Gordon-Levitt, impeccablement francophone dans plusieurs scènes du film, s'engueule dans un français parfait avec les acteurs français du film, et le fait qu'un acteur américain ait été choisi ne gêne pas le moins du monde, et surtout pas en V.O. La France un peu carton-pâte que construit Zemeckis, avec des rues imaginaires, ses fontaines d'eau dans la salle d'attente du dentiste, ses billets de Francs imprimés sur du papier 300g made in Hollywood, et l'inévitable serveur typique, est assez amusante mais ne nuit en rien au film.
Et surtout, la poésie est omniprésente, elle semble émaner naturellement du personnage d'allumé qu'est Philippe Petit, et d'autant plus tangible quand on sait que l'histoire est vraie à 100%.


A force de regarder des films invraisemblables racontant les péripéties de héros imaginaires, on en vient à oublier que de vrais héros existent, qui ont eu des rêves fous et incroyables pour lesquels ils ont été prêts à mourir. Et le fait de penser que ce héros français a été sujet d'un film hollywoodien a de quoi donner un petit élan de chauvinisme à plus d'un spectateur.


Les effets spéciaux "invisibles" sont quasiment omniprésents tout au long du film, et toujours au service de l'histoire ou de la poésie narrative du réalisateur. Leur qualité est vraiment impeccable.
La bande originale de Alan Silvestri rappelle les meilleurs moments de sa collaboration avec Zemeckis, surtout le côté jazzy qui n'est pas sans évoquer sa partition pour Roger Rabbit.


C'est un réel plaisir de voir que Zemeckis peut encore réaliser de grands films aujourd'hui, alors que tant de grands réalisateurs de sa génération ne sont plus actifs, surtout en se basant sur une histoire qui ne paye pas de mine au premier abord, puis en la transcendant avec son immense savoir-faire et son talent, pour en faire quelque chose de mémorable et de trépidant.


J'espère que le film trouvera son public, et que les répliques du film deviendront cultes ("The carrots are cooked!")...

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le 18 oct. 2015

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