My name could be Legion, because there are many of us inside me...

Cette critique fait partie de la liste "John Carpenter: The Prince of Darkness"
https://www.senscritique.com/liste/John_Carpenter_The_Prince_of_Darkness/1608951

Dernier film -conspué- de Carpenter, The Ward ne mérite pourtant pas cette opprobre.

J'ai l'impression que les spectateurs n'aiment pas être manipulés et c'est ce que Big John a exactement fait avec ce film.

Kristen (Amber Heard) est arrêtée par la police, juste après avoir incendiée une maison.

Elle est placée dans un asile psychiatrique, où elle va faire la connaissance de ses "camarades":

-Sarah (Danielle Pannabaker) est du genre séductrice snobinarde,
-Emily (Mamie Gummer, fille de Meryl Streep) est une jeune fille au caractère trempée et semble hostile envers Kristen, puis devient plus proche d'elle par la suite,
-Iris (Lyndsy Fonseca) est une artiste en devenir, toujours joviale et amicale,
-et enfin, Zoey (Laura-Leigh Moser) qui est une enfant, prisonnière dans un corps de jeune femme.

Elles sont toutes dans le service du Docteur Stringer (Jared Harris), qui semble s'intéresser de près à Kristen.

Celle-ci va découvrir que plane un sombre secret liant toutes les jeunes filles, en sus de l'apparition d'un spectre vengeur...

Vu sous cet angle, The Ward semble basique et prévisible.
Mais le script des frères Rasmussen est plus complexe que ne le laisse deviner mon résumé succinct (écrit de la sorte à dessein).

The Ward est en fin de compte une plongée dans les TPM (Troubles de Personnalités Multiples) plutôt maligne, avec tout ce qu'il faut pour vous cacher ce fait.
Le "fantôme" d'Alice Hudson (et son apparence cheap) n'est là que pour brouiller les pistes et vous laisser croire que le film n'est qu'une banale "ghost story".
Alors que le propos est tout autre.

En ce sens, Carpenter a réussi son film car il semblerait que la majorité des spectateurs n'aient pas saisis cette intention et du coup, ce soient arrêtés à leur première et unique vision de ce long métrage.
De fait, ils sont restés sur le côté "ghost story" et n'ont jamais voulu le revoir...

Du coup, ça en deviendrait presque une erreur de la part de Carpenter, qui a (peut-être) trop insisté sur ce côté "tricky", perdant ses spectateurs en cours de route.

Il est donc impératif de revoir ce film une seconde fois pour apprécier les indices laissés ici et là, induisant le fait que le fond est donc plus important que la forme.

Alice (Mika Boorem) se décompose de la sorte:

-Sarah représente le côté "femme", dans le sens où celle-ci tente de s'affirmer en tant que tel, occultant volontairement son trauma passé,
-Emily est la part "combattive", qui tente de réunir toutes les autres personnalités,
-Iris est le côté sain d'Alice, car elle est la seule à pouvoir identifier les multiples personnalités qui la définit,
- Zoey incarne l'innocence perdue, restant prisonnière du traumatisme vécu dans la cave de la maison de son violeur,
-Kristen se pose en tant que personne "normale" et "rationnelle", dans l'optique de s'offrir une nouvelle vie loin de la réalité,
-le fantôme d'Alice (Jillian Kramer) est la part sombre de celle-ci, une tentative désespérée d'éliminer ses problèmes psychologiques par le vide.

Même si je ne peux occulter le fait que The Ward ne soit pas aussi maitrisé que d'autres opus du cinéastes, ce n'est pas pour autant un film à dédaigner (voire dénigrer) et il mérite donc d'être réévaluer sérieusement.

Fort dommage que la carrière de Carpenter se clôt sur une tel malentendu...