Avec un sujet pareil (un glissement de terrain dans un fjord provoque une vague cataclysmique), il y avait certainement possibilité de faire beaucoup mieux.
La réalité du changement climatique se fait en effet d'abord sentir sur les écosystèmes des régions septentrionales. C'était là une occasion rêvée de pouvoir en exploiter une des conséquences, en s'appuyant sur ce qu'offre le cinéma en terme d'attention et de possibilité de mise en scène. Il y a avait sans doute la place, pour montrer comment la fonte des glaciers et le réchauffement des sols déstabilisent durablement les équilibres locaux et augmente la vulnérabilité des populations sans devenir ennuyant pour autant. Que nenni! La tension provoquée par l'imminence de la catastrophe ne passe qu'au travers le regard bien faible de l'acteur principal, qui naturellement se heurte au scepticisme de ses contemporains.
Le film aurait également pu insister sur la dimension catastrophique de la vague en montrant comment elle emporte tout sur son passage de façon beaucoup plus démonstrative. La force de l'eau accentuée par la nature particulièrement encaissée des fjord est une combinaison potentiellement dévastatrice. Que nenni! La séquence en question qui devrait être la colonne vertébrale du film est expédiée très rapidement, sans doute faute de moyen, avec ce procédé grossier qui consiste à faire tomber la nuit d'un seul coup (d'autant plus improbable étant donné la latitude des lieux concernés) pour tenter d'altérer la misère des effets visuels...
Mais ma plus grosse déception vient certainement du scénario lui-même. La perspective de voir le sujet traité par une production scandinave, me laissait espérer une approche intéressante, qui aurait pu justement palier les faiblesses d'un manque cruel de moyens. Ce qui n'est pas pour autant rédhibitoire pour peu qu'on fasse preuve d'un peu d'originalité en développant les spécificités de la culture locale (à peine une évocation de l'éducation au risque à travers le dispositif d'alerte). Que nenni! le réalisateur a préféré sacrifier aux standards hollywoodiens en concentrant son histoire sur le destin d'une famille au sein de la catastrophe, en veillant à cocher consciencieusement les cases de toutes les situations convenues déjà vues mille fois. Pas besoin de divulgâcher quoi que ce soit des risques qui pèsent sur les protagonistes, tant ils sont sans surprises et sans saveur.
Sans doute l'intention était-elle de répondre davantage à une commande bankable à l'international plutôt que de proposer une approche plus personnelle. La palme revient au rôle très éphémère du salopard que vous verrez tous arriver à cent kilomètres.
Je crois qu'il faut laisser le soin à Hollywood de faire des films catastrophes spectaculaires où ça pète dans tous les sens. Au moins, on sait pourquoi on y va: on pose son cerveau à l'entrée et on se gave de popcorns (ce qui fait du bien aussi de temps en temps...).
Vouloir faire pareil quand on en a pas l'ambition et le budget, c'est partir au casse-pipe et manquer l'opportunité d'une belle proposition sur un sujet qui mériterait un traitement bien plus intéressant!
Vous l'aurez compris, le résultat est un petit film à peine divertissant...