Board of canada and hard times

J'ai vu ce film pour la première fois il y'a deux ans dans sa version française atroce avec une qualité d'image relative au site de streaming pourri sur lequel je le regardais et pourtant, je n'ai à ce jour jamais regardé un film m'ayant autant marqué de toute ma vie. Je n'ai jamais vu un film qui arrivait aussi bien à cristalliser le fait d'être un adolescent dans un bus avec avec d'autres adolescent. Que ce soit dans le rapport de force entre les gens, le désir de désirabilité sociale ou même l'ambiance générale qui reigne dans un bus avec des enfants.

On est directement plongé dans le film à l'instant ou les portes du bus s'ouvrent. Les mecs cools se mettent au fond avec fierté et habitude et les autres se dispersent aux quatre coins de la machine, les rapports de domination sont déjà instaurés.

Pendant tout le film, je n'ai pas pu m'arrêter de penser au bus scolaire de mon collège. Son atmosphère, les petites histoires nulles, les rumeurs, les 3èmes au fond et les 6ème devant, les cris, les bagarres.

Le film arrive à synthétiser tout cela avec une sincérité parfaite ce qui a eu pour effet de m'y replonger, de penser à tout ce qui pouvait se passer en un trajet de bus, à la pression des sacs sur mon corps et à l'odeur de transpiration ambiante lors d'un trajet d'été.

Tout est si happant au départ, on navigue entre tous ces adolescents qui s'occupent en attendant leur arrêt en se racontant des trucs, en se vannant tour à tour ou en harcelant des gens, et tout paraît si simple, si spontané et rien ne semble avoir de réelle importance. Et d'un coup, tout deviens sérieux. Les petits harcèlements habituels laissent place à l'adversité, la vie et la mort.

Ce changement de ton, cet espèce de passage entre deux temporalités menant à quelque chose de plus sombre est déchirant du fait qu'on l'a tous vécu, ce sentiment d'avoir été transporté de force à un nouveau stade ou l'on ne ris plus, ou l'insouciance et la légèreté s'arrête brutalement par le biais d'un évènement allant au delà de notre perception d'enfant.

Je pense que ce film m'a autant marqué par le simple fait que je n'ai absolument rien à voir avec ces personnages. Je ne viens pas du Bronx et tous les tics de langages, les blagues reliées à cet environnement me sont familiers uniquement grâce à Trace Urban, les heures passées à regarder des vidéos de gens parlant ce langage et le rap et pourtant, j'arrivais à ressentir les émotions et les états d'esprits des personnages, rien qu'avec leur sincérité face à la caméra.

Certaines scènes me sont mêmes parfaitement étrangères et pourtant j'y crois pleinement.

En plus de ça les changements de ton de ce film sont accompagnés de musiques tirés de l'incroyable discographie de Boards Of Canada, créant un film à l'ambiance singulière et marginale, qui aurait pu faire ça ?

Je suis très content de l'avoir revu, j'aurais aimé le découvrir à 35 ans pour une gifle plus puissante mais ma curiosité a eu raison de moi. Je pense très sincèrement que The We and the I est l'un des plus grand films ayant été fait à ce jour, merci énormément Michel Gondry

Ancienne critique du 20/02/23 : Le meilleur film de Michel Gondry j'en ai rien à foutre d'eternal sunshine mes couilles y'a pas du boards of canada dedans