L’année 2023 (2022 en Amérique avec ce film) a marqué le grande retour de Brendan Fraser dans le monde du cinéma après d’horribles évènements d’agression sexuelle dont il a été victime. En plus de « Killers of the Flower Moon » (même si il a un petit rôle), c’est « The Whale » qui aura marqué son grand retour. L’ayant raté au cinéma, il fallait bien se rattraper pendant qu’on a du temps libre. Et que vaut « The Whale » ? C’est bien et du très bon développement d’Aronofsky mais il y a aussi quelques petites choses qui dérangent un peu lors du visionnage.
Positif
- Charlie (Brendan Fraser) est un homme obèse qui vit isolé chez lui en donnant des cours particuliers en ligne sur les dissertations et les rédactions. Il vit malheureux en sachant qu’il va mourir et ne veut pas faire grand-chose pour y remédier. Charlie n’a rien pour se raccrocher à la vie et il préfère se laisser mourir à petit feu, ce qui se comprend en se mettant à sa place.
- Ellie (Sadie Sink) est la fille de Charlie, c’est une adolescente détestable qui passe son temps à descendre son père, Thomas et sa mère. Elle est assez détestable et, en même temps, on peut la comprendre. Avoir son père qui l’abandonne quand elle avait 8 ans alors qu’elle l’adorait, et pour une autre personne que sa mère en plus on peut comprendre qu’elle ait une personnalité aussi forte (même si elle reste détestable).
- Liz (Hong Chau) est une infirmière et une amie de Charlie. C’est une femme qui fait de son mieux pour aider Charlie malgré les difficultés et qu’elle ne puisse pas toujours être là pour lui. Elle est proche de lui pour certaines raisons mais c’est réellement une femme attachante qui veut aider Charlie, même quand ça fait mal.
- Thomas (Ty Simpkins) est un jeune homme de New Life qui veut répandre la bonne parole et aider Charlie en lui offrant le salut. Il est un peu particulier comme garçon mais il veut bien faire, et il reste plus attachant qu’Ellie.
- Évidemment, c’est surtout l’état de l’acteur Brendan Fraser qui nous touche ici. On a appris qu’il avait subi une agression sexuelle de Phillip Berk mais également qu’il a eu des douleurs handicapantes liées aux cascades de certains de ses tournages. En comptant sa prise de poids lié à son écartement des studios pendant tant d’années, c’est triste pour lui mais une bonne chose de le voir revenir en meilleure forme.
- En terme d’évolution, ce sont surtout Charlie et Ellie qui évoluent. Ellie, dans un certain sens et malgré son comportement détestable, semble quand même agir par bien avec certaines de ses actions comme son père voulait y croire et Charlie, de son coté, évolue par rapport au fait de se cacher de tous et de ne pas assumer tel qu’il est devenu, en plus de motivation qui a enfin une raison d’exister et d’agir.
- Ici, on a une relation père-fille qui se développe entre Charlie et Ellie. L’un est isolé mais veut croire en sa fille malgré tout ce qu’on lui dit et l’autre est une ado détestable mais qui, malgré toutes ses injures envers son père, va apprendre à mieux le connaître. Ca nous donne une relation assez intéressante à suivre à l’écran.
- Le long-métrage démarre par le cours d’un professeur qu’on ne voit pas en face cam avec ses élèves puis la découverte de celui-ci chez lui à faire des choses un peu obscènes. C’est une introduction efficace pour cerner le personnage et nous donner envie d’en savoir plus sur la manière dont il en est arrivé là.
- Le symbolisme a quelques moments intéressants comme la nourriture pour Charlie (pour compenser son mal-être et son malheur), sa fille en qui il veut garder espoir, le regard des autres… il y a réellement du symbolisme bien géré ici.
- Certains évènements sont un peu inattendus, notamment la véritable origine de certains personnages. C’est une bonne chose de réussir à nous surprendre, y compris dans les motivations réelles de certains des personnages.
- La fin est une bonne fin pour Charlie après tout ça. Ce n’est pas la fin qu’on aurait imaginé avec son évolution mais c’est une fin réellement efficace qui va avec son évolution tout en faisant un peu plaisir à voir pour lui.
- Les musiques sont de très bonne qualité. Chaque thème de ce long-métrage a été travaillé comme il se doit pour réussir à raconter ce qui se passe à l’image. Non vraiment, la bande-originale est de très bonne qualité.
- Malgré que l’émotion ne soit pas grandiose, la tension est une toute autre histoire. En sachant que Charlie va bientôt mourir et refuse de se soigner, on arrive à avoir peur por lui et de ce qu’il pourrait lui arriver.
- Le jeu d’acteur est de très bonne qualité. Chaque acteur et actrice de ce film sont investis comme il se doit dans leur rôle. Mention spéciale pour Brendan Fraser qui a une performance exceptionnelle.
- Les décors sont surtout l’appartement de Charlie vu qu’on est dans un huis-clos mais ce sont des décors plutôt réussis. Ça définit bien Charlie en plus de convaincre les spectateurs sans difficulté.
Négatif
- Un des regrets de ce long-métrage, c’est que ça ne soit pas Guillaume Orsat qui le double (comme il est sa VF officielle) mais Xavier Fagnon ici. Alors, Xavier Fagnon est très bon dans le doublage, y compris ici, mais Guillaume Orsat est une voix qui colle mieux à Brendan Fraser (surtout qu’il le double dans « Killers of the Flower Moon ». Enfin, ce détail est un peu perturbant si on regarde en VF, pas en VOST (chacun son choix).
- Question émotion, malgré l’excellent travail des acteurs et de la musique, c’est un peu difficile de rentrer pleinement dedans. Non pas que ça ne fait rien mais l’émotion n’arrive pas forcément à prendre les spectateurs ici, et c’est dommage.
- Parlons de la photographie qui est, assez simple. Sans être dégoûtante, elle se veut assez discrète tout en restant simple. Peut-être qu’on aurait pu avoir une photographie un poil plus poussée, même si ça veut garder une dimension réaliste.
- La mise en scène est beaucoup trop simple, même pour Aronofsky. On a quelques idées de mise en scène dans certains passages mais on ne peut pas nier que c’est une des mises en scène les moins travaillées de sa filmographie.
- En vérité, on a pas vraiment d’histoire ici. On suit juste la vie de Charlie, un homme obèse et isolé, avec plusieurs visites qu’il reçoit de plusieurs personnages. C’est un peu trop léger pour en faire une réelle histoire.
!!! PARTIE SPOIL !!!
Le conjoint de Charlie était un de ses élèves et, malgré qu’ils ont attendu la fin de l’année scolaire pour se mettre ensemble, ils s’aimaient d’un amour fou à tel point que Charlie a quitté sa femme et sa fille pour lui. Même si c’est pour un amour fou, ça reste ignoble d’avoir abandonné sa fille et sa femme et d’espérer se faire pardonner en aidant sa fille détestable maintenant.
Le jeune Thomas n’est pas de New Life, c’est juste un homme perdu qui s’est enfui de chez lui par peur que sa famille ne le massacre pour avoir voler de l’argent. Au moins, Ellie l’aura aider sans le vouloir à ce que la famille le retrouve et lui pardonne, même si il veut aider Charlie en le considérant comme ignoble.
Au final, The Whale est un drame qui manque un peu d’émotion, malgré le très bon travail de toute l’équipe, et qui n’est pas le meilleur de Daronofsky, mais qui nous offre quand même un film très travaillé avec le retour d’un acteur qu’on apprécie beaucoup. Avec des acteurs très investis, des musiques de très bonne qualité, un symbolisme très efficace et un développement intéressant pour le personnage de Charlie, ça s’en sort vraiment bien. Bon après, il est vrai que l’émotion n’est peut-être pas assez poussée, que la photographie est discutable et la mise en scène peu présente. Cependant, The Whale est un drame qui témoigne du retour de Brendan Fraser au cinéma en espérant que ça sera pour des jours meilleurs.