Depuis 2017 et son Mother !, Darren Aronofsky se concentre principalement à son boulot de producteur et passe parfois une tête dans une œuvre ou l'autre, notamment Michael Cimino - Un mirage américain de Jean-Baptiste Thoret. Cinq ans qu'on attendait donc le retour du géniteur de Black Swan et Requiem for a dream, qui annonce finalement le titre de son dernier film, The Whale, pour la Mostra de Venise.
Produit par A24, on n'en savait pas grand-chose, si ce n'est l'apparition d'un Brendan Fraser empâté qui oscillait alors entre rôles médiocres et galères personnelles depuis un bon bout de temps, jusqu'à l'annonce d'un synopsis : un obèse morbide, reclus dans son appartement, attend la mort faute de pouvoir renouer avec sa fille. Tout un programme, et des plus joyeux !
En effet, écrit par Samuel D. Hunter qui adapte sa pièce de théâtre, The Whale est un huis-clos poisseux. Durant les deux heures que durent le long-métrage, nous ne quitterons pas les murs de cet appartement de l'Idaho où évolue ce Brendan Fraser alourdi de prothèses bluffantes. Un choix étonnant pour Darren Aronofsky, cinéaste de l'esbrouffe visuelle et narrative, que de se contraindre à ces quatres murs et à purger de son cadre tout effet de style.
Le format se resserre, l'image se fait terne (le même directeur photo - Matthew Libatique - et les mêmes teintes que pour Mother !), la mise en scène se pose: Aronofsky se recentre sur ses personnages. Et quel casting ! Si nous avons déjà évoqué l'acteur principal, il est entouré de la géniale (et énervante) Sadie Sink découverte dans Stranger Things mais aussi de Hong Chau (Inherent Vice, Downsizing...), jouant une infirmière à domicile hilarante.
Car oui, malgré son pitch peu engageant et claustrophobe, The Whale est une véritable comédie dramatique, qui si elle évoque des sujets souvent lourds (dépression, hyperphagie...), sait manier l'humour avec une finesse rafraichissante. Une finesse qui se retrouve dans la mise en scène, certes parfois redondante (le film fait assurément quelques dizaines de minutes de trop), mais qui offre de beaux mouvements de caméra et des jeux d'arrière-plan intéressants.
Si l'imagerie déployée par le film n'est pas toujours très subtile (l'extérieur constamment pluvieux et terne jusqu'au plan final où le soleil se lève enfin...), impossible de ne pas se faire cueillir par l'émotion lorsque apparaissent les crédits finaux. Et, on l'espère, un succès synonyme de retour sur le devant de la scène pour Brendan Fraser.
En salles au début de l'année 2023.
Découvert au GIFF (Geneva International Film Festival)