Quand je pense à Darren Aronofsky, je pense toujours à son film le plus connu et peut être le plus culte de sa filmographie, Requiem For A Dream, qui est un film sans concession sur les ravages de la drogue au sens large et surtout sur l’addiction et sur ce qu'on est prêt à faire pour obtenir une dose et combler le manque.

Ceci dit, le film n'est pas exampt de défaut et a un coté faussement subversif par moment.

En ce qui concerne The Whale, c'est un peu la même chose avec cette scène d'introduction o'combien choquante en plus d'être une facilité scénaristique assez dingue :

Un homme en obésité morbide en pleine séance de masturbation devant un porno gay, oulala que c'est choquant ! Cet homme vit reclus et comme par hasard, au moment ou il est entrain de jouir, un prédicateur passe juste à ce moment devant son appartement pour lui promettre le paradis.

On peut dire que ça commence fort mais passé cette introduction, le film devient un peu plus intéressant dès lors qu'on s'intéresse à ce que je pensais être un des sujets principaux du film, à savoir son obésité morbide au quotidien, son rapport avec son obésité et ce qu'en pense le peu de proche qu'il lui reste : Pourquoi il se suicide à petit feu en ingurgitant des pizzas et des chicken de chez KFC plutôt que de prendre un flingue et se tirer une bastos dans la tête ? Comment en est-il arrivé là ? Bref, que lui est-il arrivé ?

Le film va au final survolé ce sujet pour parler d'autres thématiques et c'est la tout le problème du film : il part dans tout les sens.

En effet, Darren Aronofski ne traite pas seulement du sujet de l'obésité dans ce film mais également de problématique familiale qui font clairement échos à The Son de Florian Zeller : le sentiment d'abandon vécu par un adolescent lors de la séparation de ses parents.

Une adolescente de 17 ans qui a été abandonnée par son père il y'a 9 ans pour refaire sa vie ... avec un homme qui était un de ces étudiants. Pourquoi ce changement de bord de la part du protagoniste ? Aucune idée, ce n'est pas abordé dans le film. Certes ce n'est pas le sujet du film mais pourquoi s'emmerder avec ça ?

La relation père-fille ou plutôt l'absence de relation n'est pas très travaillée. On comprend que la mère semble avoir voulu couper les ponts avec Charlie mais au final c'est pas tout à fait ça, bref c'est pas très clair. A noter que durant une partie du film sa fille disparait totalement pendant environ 25-30 minutes pour revenir à la fin juste avant qu'il casse sa pipe.

Il va ensuite aborder un autre sujet, le deuil d'un être cher qui semble être la raison principale pour laquelle Charlie se suicide à petit feu en suivant le régime alimentaire d'un ours, pour citer le maître d'arme de Kaamelott, avec une particularité pour le moins originale :

l'amour de sa vie s'est suicidé mais il semblerait qu'il se soit laissé dépérir et qu'il ne s'alimentait plus. Une fin en totale opposition à ce que fait Charlie. Un peu tiré par les cheveux mais pourquoi pas.

Il va ensuite traiter ou plutôt survoler un autre sujet, la religion, à travers le scénario du film et l'arrivé d'un personnage en particulier :

Le frère de son amie infirmière qui vient l’ausculter s'est suicidé à cause de la religion et on comprend par la suite que le frère était l'amant de Charlie. L'arrivée du jeune prédicateur qui fait parti de ce courant religieux (ou plutôt de la secte religieuse) qui essaye tant bien que mal de convertir Charlie et de le faire adhérer à ses prechi-precha.

La problématique étant que le sujet est totalement survolé et nous balance des poncifs et lieu commun sur la religion. Quitte à voir un film centré sur ce sujet, autant regarder Silence de Martin Scorsese, excellent film au passage.

La thématique que je pensais être le sujet principal du film, l'obésité, est abordé de trois manières différentes.

Tout d'abord à travers les tâches banales du quotidien qui sont difficile voir quasi-impossible à effectuer pour Charlie puis à travers le personnage de l'infirmière et meilleure amie de Charlie qui joue extrêmement bien son rôle et enfin son rapport à la nourriture.

Son amie essaye à plusieurs reprises de le pousser à se faire hospitaliser, sans succès. On ressent également la résignation de son amie qui, vers le début du film, le laisse manger ses chickens KFC devant la télévision. A plusieurs reprise Charlie va ingurgiter une quantité phénoménale de nourriture, notamment dans la scène des pizzas.

Un autre sujet qui est survolé est le regard des autres face à cette maladie via la réaction des étudiants lorsqu'ils voient le visage de Charlie pour la première fois à travers sa web-cam ou la réaction du livreur de pizza qui est totalement débile au passage.

On est en 2023 et visiblement il faut encore éduquer les gens sur le fait que l'obésité morbide est une maladie. Mention spéciale à la réaction des étudiants qui sont censés être un minimum éduqués, quelle tristesse.

La plupart des scènes qui se veulent émouvante ne fonctionne pas surtout entre Charlie et sa fille, la faute à des dialogues pas terrible et le tout forcé par une musique qui se veut larmoyante et qui produit l'effet inverse.

Le point positif étant les scènes entre Charlie et l'infirmière et la scène entre son ex-femme et Charlie qui aurait pu donner quelque chose de plus intéressant.

Le film se termine sur une facilité scénaristique :

sa fille arrivant au moment ou Charlie est sur le point de claquer. En tout cas c'est le sentiment que j'ai eu lorsque Charlie est debout devant elle avec cette vision de son passé lorsqu'il regardait la mer avec sa fille entrain de jouer sur la page.

Bref, la déception est à la hauteur de l'attente. Je retiendrai uniquement la performance de Brendan Fraser (même si il n'est pas aidé avec les dialogues) et celle de Hong Chau (l'infirmière) qui est d'une justesse incroyable puis le coté Huis-Clos avec cet aspect cradingue qu'on peut retrouver dans certains films de Aronofski.

Je passe sur le fait qu'il est professeur de littérature et que sa fille semble avoir des prédispositions en la matière au regard d'un essai qu'elle avait pondu lorsqu'elle était au collège sur ... Moby Dick.

5/10

Nyll
5
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Créée

le 10 mars 2023

Critique lue 46 fois

Nyll

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