The White Dawn par Olivier Paturaud
The White Dawn, premier film vraiment personnel de Philip Kaufman, est resté inédit en France après son échec commercial aux Etats-Unis. Le film raconte les aventures de trois pécheurs, naufragés après une chasse à la baleine, parmi les esquimaux en 1896. Kaufman filme les Esquimaux sans condescendance ni paternalisme dans une série de tableaux qui approchent le genre documentaire. Il évite la facilité par exemple de faire parler les Esquimaux en anglais, pari risqué pour une production hollywoodienne (le film est distribué par la Paramount). Le choc des cultures et la corruption des valeurs occidentales sont le thème central du film : au fur et à mesure de leur intégration, les naufragés amènent au sein de la communauté les ferments d'un désordre qui va les conduire à leur perte. Alors qu'ils sont sauvés et nourris par les Esquimaux, les trois hommes, incapables d'altérité, apportent le mensonge, la duplicité, le vol et la violence. La force du film réside dans une progression très subtile de l'intrigue et une lenteur qui laissent le temps à une description quasi ethnologique de cet univers. Enfin, la partition toute en délicatesse d'Henry Mancini et la photographie de Michael Chapman, sa plus belle avec Taxi Driver, font de The White Dawn un film majeur des années 1970 à redécouvrir.