The Wild Blue Yonder par Multipla_Zürn

Produit par la BBC et France 2, ce vrai faux documentaire jamais sorti en France est un travail de montage à partir d'images d'archives de la NASA et de la station d'exploration sous-marine antarctique, que l'on retrouve dans Encounters of the end of the world.

L'histoire est démente : un extraterrestre (Brad Dourif, déjà génial en illuminé dans Le cri de la roche) débarque sur Terre pour construire un immense centre commercial, personne n'y vient, et il enrage. Les extraterrestres, selon lui, sont des minables. D'ailleurs certains se trouvent tellement nuls qu'ils tentent de se suicider.

Un groupe de cosmonautes américains est parti coloniser la planète Wild Blue Yonder. Ils tombent dans une trappe d'espace-temps, et reviennent sur Terre 850 ans plus tard, alors que la Terre n'est plus qu'un parc protégé pour les travailleurs de l'espace. C'est Brad Dourif qui nous raconte cette histoire, depuis son centre commercial désert, et à son récit se superposent les images documentaires, ciels de glace et cosmonautes en lévitation dans leur vie quotidienne, entrecoupées d'entretiens délirants avec des scientifiques qui font la sieste sous un citronnier. La musique est signée Jim O'Rourke et Ernst Reijseger - ce dernier a réalisé un travail extraordinaire pour donner une langue (ou du moins des sons) aux animaux de la planète colonisée.

C'est un film hilarant, à la fois très simple et très sophistiqué, dans sa manière de jouer sur le faux et le vrai. Herzog fait mentir l’image au maximum, pour en extraire toute la beauté. La décontextualisant, il lui rend son étrangeté, sa force narrative, sa liberté de signification. Elle n’est plus un document. Elle redevient image, création.