Rescapé de la Shoah et déraciné à New York, Jack Garfein fut à la fois un directeur d’acteur visionnaire et conspué (voir censuré) par Hollywood. Il a vécu plusieurs vies (et pas les plus heureuses), à travers ce film, Tessa Louise-Salomé revient sur le destin de cet homme hors du commun.
Né en Ukraine en 1930, lui et sa famille sont déportés à Auschwitz. Sa famille sera exterminée et lui, survivra à 11 camps de concentration jusqu’à ce qu’un représentant de l’ambassade américaine lui offre sa chance d’émigrer aux États-Unis. Là-bas, il fait la rencontre d'Elia Kazan avec qui il sera assistant sur Géant (1956) et rejoint l’Actors Studio de Lee Strasberg en tant qu’enseignant. Il se lancera à son tour dans la mise en scène, d’abord à Broadway (où il donnera à James Dean son premier rôle) avant de se lancer dans une carrière de réalisateur (qui sera de courte durée puisqu’il subira les foudres du "code Hays" et se retrouvera censuré, voir blacklisté suite au non-respect des codes de censure d’Hollywood).
Pendant 90min, la réalisatrice nous tient en haleine en retraçant le parcours aussi invraisemblable que stupéfiant de cet homme talentueux, alternant entre son enfance tumultueuse et horrifiante en plein coeur de la Shoah et sa carrière complexe (voire décriée) à Hollywood. Un destin extraordinaire pour un cinéaste tombé dans les oubliettes du 7è Art (car injustement banni par l’industrie hollywoodienne).
Le film nous prend aux tripes en écoutant Jack Garfein revenir sur la façon avec laquelle il est parvenu (malgré-lui) à s’en sortir et échapper à une mort certaine. Lui qui avait dû faire face à la chasse aux juifs dans son Europe natale se retrouve confronté, en arrivant aux États-Unis, à la ségrégation raciale (la séparation des noirs et des blancs).
Découvreur de talents (Bruce Derne, Steve McQueen, Ben Gazzara ou encore George Peppard), il a contribué à révolutionner le jeu d’acteur en fondant (aux côtés de Paul Newman) l'Actors Studio West (une succursale de l’Actors Studio de New York, fondé entre autre par Elia Kazan).
The Wild One (2023) nous raconte l’histoire d’un destin incroyable et hors du commun, une formidable et passionnante plongée dans l’Histoire, qui aurait cependant gagné à plus de clarté (le film alterne les commentaires de Jack Garfein et la voix off de Willem Dafoe qui vient parfois se substituer à lui, au point de rendre certaines séquences confuses).
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