Considéré comme un des fleurons de la compagnie Cathay (ex MP&GI), The Wild Wild Rose est aussi une véritable ode à la gloire de sa star : Grace Chang. L'actrice avait pourtant déjà eu d'autres occasions de montrer ce dont elle était capable (citons entres autres Mambo Girl) mais jamais a ce point !
The Wild Wild Rose est inspiré du Carmen de Bizet dont il reprend certaines figures (la séductrice patentée) et les musiques (ainsi que celles d'autres opéras classiques) lors des séquences de cabaret. Étonnant de voir a quel point l'inspiration s'intègre bien au Hong Kong de la fin des années 40 (temps de l'action) !
Enfin pas tant que ça après tout... Si il y a bien une compagnie Hong Kongaise qui réussissait à intégrer les idées Occidentales dans ces films, c'est bien la Cathay, par rapport à une Shaw plus orientée vers le patrimoine Chinois (à The Wild Wild Rose et son inspiration européano-hollywoodienne la Shaw répliquait à coups de Huangmei Diao). Les reprises en Chinois des parties musicales les plus connues de l'opéra de Bizet passent étonnamment bien, et, facteur très important dans le cadre du film, éclairent la personnalité fascinante de Sijia (Grace Chang).
Car c'est bien elle le cœur du film ! Dés la première séquence où elle apparaît la beauté de Grace Chang envahit l'écran et la réaction de Zhang Yang dés qu'il la voit (il en tombe manifestement amoureux même si il ne le reconnaît pas lui même) est celle du public. Rien qu'avec cette scène Wong Tin Lan (le père de Wong Jing) réussit 99 % de son film ! Il nous fait tomber dans les filets de cette séductrice sauvage comme ce malheureux pianiste et l'on sait, grâce à la chanson qu'elle interprète, que la relation qui s'ensuivra sera tragique... Car Deng Zijia (Grace Chang) est une femme complexe : Séductrice mais honnête, prête a briser un couple heureux mais aussi à sauver un autre sur le point d'imploser... Elle échappe à toute définition simpliste ! On notera aussi dans sa personnalité la présence d'éléments à la fois typiquement occidentaux (son coté séductrice affirmée) et typiquement Chinois (son bon cœur).
Cette personnalité foisonnante donne sa forme au film. La première partie est majoritairement d'un ton léger, proche de la comédie. Grace Chang y est plus séductrice que jamais (on comprend l'état de nervosité de Liang Hanua quand il est à coté d'elle) alternant drague agressive et séquence de cabarets hypnotisantes et ne dévoilant sa personnalité plus profonde que par petites touches. Dans la deuxième partie le récit prend une direction plus dramatique suite au choix de Grace Chang de s'abandonner à l'amour. L'actrice est dans les deux parties absolument impeccable, illuminant le film du début jusqu'à la fin et fondant, presque à elle seule, son indéniable réussite.
Presque, parce que ce serait oublier l'excellent travail des autres parties au film. Le réalisateur Wong Tin Lan bien sur qui parvient à garder son film fluide et captivant, sachant mettre en valeur sa star tout en n'oubliant pas son récit. Particulièrement réussis sont les séquences chantés et dansés, la caméra de Wong se mariant parfaitement avec la performance de Chang (elle s'était entraînée pendant plusieurs semaines avec des danseurs Espagnoles avant le tournage). Seule faute de sa part toutefois : Conserver le personnage de la première fiancée de Liang Hanua lors de la deuxième partie du récit. Son rôle se résume alors uniquement à pleurer à chaudes larmes, rendant son personnage agaçant.
Le compositeur Hattori Ryoichi assistés aux paroles de Li Junquing parviennent à manier harmonieusement est et ouest, orient et occident lors des fameuses séquences musicales. Enfin le reste du casting, bien que moins flamboyant que Grace Chang, livrent des prestations de qualité, établissant ainsi les fondations sur lesquels la performance de la star de la Cathay peut se baser.
Mélange d'influences occidentales et Chinoises, personnages naviguant dans un univers de classes moyennes et star féminine ultra charismatique : Tous les ingrédients habituels de la Cathay sont présents dans The Wild Wild Rose mais porté à leur paroxysme. Définitivement, la réputation du film n'était pas usurpée !