1, 2, 3 nous irons au bois

Incroyable authenticité des mœurs de l'époque, et la beauté de l'image, ô comme elle est jolie, la laitière sur fond gris d'un paysage morne et froid, entouré par une forêt de conifères gigantesques, austère et silencieuse. Tous les éléments du folklore mystique sont remarquablement mis en scène, dans une finesse et une justesse subtiles.

On y croit. C'est accessoire, pourtant si primordial pour se laisser pleinement embarquer par le récit d'une histoire de croyances. On y croit et on est même terrifié par la vision de cette famille sur laquelle le malheur s'abat, sabbat de sorcières réelles ou non, au travers de situations désastreuses qui s'enchevêtrent, formant un cercle vicieux inquiétant où le bizarre devient pain quotidien.

L'interprétation des acteurs, figures spécifiques de la Bible revisitée comme le martyr sous le visage du père, sorte de Jésus coupant du bois vêtu d'une simple toge. La mère, face altérée par le malheur et la peine décuplée par la perte d'enfants, semblable à une sorcière (en est-ce une ?). Et la fille, pure et douce, au teint blafard et à l'expression dangereusement sournoise... Même les jeunes enfants aux rôles secondaires viennent parfaire ce sombre tableau aux couleurs du XVIIème.

Quant à la bande originale, légèrement soutenue par quelques accords ténébreux au violon, elle apporte également une touche grave au film, sans exagération toutefois, ce qui est alors très plaisant car les silences sont tout aussi parlants...