Into the Woods.
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Dans The Witch, Robert Eggers orchestre une descente implacable dans la psyché d’une famille bannie, déchirée par l’isolement et le poids oppressant de leur foi, symbolisé par la forêt. Ce tableau d’une ruralité brute, hors du monde, se mêle à un fantastique insidieux, une lutte sourde entre ombre et lumière où la paranoïa règne en maître.
À l’image d’un huis-clos ouvert sur la forêt menaçante, Eggers resserre son cadre à la lisière du bois, étouffant ses personnages dans une ambiance austère et anti-spectaculaire, semblant inspirée des maîtres flamands et de la cruauté des contes de Grimm.
Chaque détail du quotidien – le chant d’un enfant, le regard fixe d’un lapin, ou le bois fendillé d’une porte – devient une menace latente, une distorsion du réel, par notre perversion du regard. Le spectateur, tel un juge muet, s’emploiera à scruter les âmes, avide de surprendre cette étrange faiblesse par laquelle chacun glisse, presque sans résistance, dans les sombres abîmes du péché.
La chute de la figure paternelle, incarnée avec une autorité glaçante par Ralph Ineson, fait écho à l’éloignement d’un Dieu absent, incapable de répondre aux prières ou d’offrir son pardon. Eggers sonde ainsi les ravages de la foi dévoyée, où la peur du péché supplante l’amour divin, érigeant un cadre moral où désir et libre arbitre n’ont pas leur place.
À la lisière d’une Amérique naissante, The Witch s’impose comme une radiographie d’une famille consumée par ses propres démons, entre naturalisme psychologique et horreur mystique. Eggers déconstruit avec brio les fondations d’une foi absolue, laissant au spectateur le soin de décider si le mal émane de la forêt, ou du cœur même de cette cellule désunie.
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le 22 nov. 2024
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