Quelques années avant The Harbinger, Andy Mitton avait signé une autre bobine horrifique de la plus belle eau, le plus abouti et plus court The Witch in the Window qui, quant à lui, nous racontait une belle histoire d'amour filial entre un père et son jeune fils derrière ce qui se présentait d'abord comme un bon vieux film de maison hantée. En réhabilitant une vieille ferme perdue dans le Vermont, un homme et son fils sont confrontés à l'esprit de son ancienne propriétaire, une femme à la solide mais ambiguë réputation de sorcière dont on évitait jadis de s'approcher de trop près du territoire. En réalité, le papa veut retaper cette jolie baraque dans l'espoir de donner un nouveau souffle à son couple qui bat méchamment de l'aile, comme on l'a compris dès la première scène, à la tension domestique sèche et des plus crédibles. La rupture définitive et le divorce planent, le garçonnet en souffre en silence, croyant au rêve de son père et s'accrochant au vain espoir de voir ses parents réunis dans une maison qui, sur le papier, a effectivement tout pour plaire à sa maman. Sauf que la sorcière s'avère assez possessive envers les infortunés, désireux de vivre chez elle. Et c'est l'occasion pour le réalisateur de déployer son sens de l'atmosphère manifeste et de nous proposer quelques pics de terreur véritables qui nous scotchent à notre fauteuil.
Lors de scènes a priori anodines où nous voyons père et fils s'affairer autour de la maison pour lui refaire une beauté, Andy Mitton joue brillamment de la profondeur de champ, sur ce qui peut se jouer en arrière-plan, en invitant le spectateur à être aux aguets, à guetter la moindre apparition fantomatique de ladite sorcière, illustrant littéralement, à plusieurs occasions, avec cette simplicité chère aux grands talents, le titre de son œuvre pleine de modestie. Il se montre dans le même temps capable de mettre en boîte des scènes au suspense étouffant, sans utiliser de ficelles faciles, mais en jouant avec brio sur l'attente, la crainte de voir enfin. Un autre grand moment d'effroi nous fait partager les hallucinations d'un père dont le chagrin l'amène à imaginer une réconciliation désespérée. Une scène patiemment amenée, au dénouement aussi glaçant qu'attendu, qui parvient même, et c'est bien là le plus dur, à nous émouvoir. Si les comédiens sont irréprochables (en particulier le daron Alex Draper qui, en outre, a de faux airs de leader quinqua d'un respectable groupe d'indie rock du nord-ouest américain), c'est aussi les dialogues du cinéaste qui sonnent justes et évitent savamment les clichés redoutés. Cette histoire de sorcière est donc avant tout le prétexte pour nous proposer un film sensible et délicat, où nous sommes touchés par ce que vivent des personnages bien caractérisés et par les enjeux dramatiques dévoilés progressivement. On prend autant de plaisir à le regarder qu'à lire une nouvelle fantastique écrite par un maître. Du velours pour les amateurs de frissons distingués, d'ambiance soignée, d'horreur réellement intelligente, qui s'en régaleront en déplorant, comme moi, que l'auteur ne bénéficie pas d'une plus grande renommée tout en se réjouissant d'avoir affaire à une obscure pépite injustement méconnue.