Je ne m’y connaissais pas du tout en « pyramide de Ponzi », et n’avais jamais entendu parler de la « fraude financière du siècle » ! J’ai compris ce que j’ai pu comprendre, et j’ai passé en réalité un assez bon moment devant ce film.
On suit les questions d’une journaliste qui n’a pas d’identité aboutie -choix narratif qui permet d’aller à l’essentiel- une voix presque documentaire pour retracer ce carnage financier.
Le thème central du film est la culpabilité ou non de la famille Madoff : son épouse, et ses fils. Robert de Niro, quant à lui, livre dès le début un mea culpa fataliste, presque « après moi le déluge », et on arrive à y croire. Sans larme, sans rien du tout. Persuadé d’être effectivement coupable d’un crime mais attention qu’il ne juge « pas sale » et à cause d’un système qui le dépasse et qui fait de lui un « bouc émissaire » (système qu’il a manipulé et, selon ses propos, tout seul). Le déni est donc finalement bien présent.
A ce personnage qui s’avère de plus en plus déconnecté et déshumanisé, le film se clôt sur une question de Madoff à la journaliste après une comparaison psychiatrique qui l’horrifie entre lui et le meurtrier Theodore Bundy et donc à nous spectateurs ; « vous croyez que je suis un sociopathe ? ».
Ultime question à laquelle on répondrait oui ou non l’issue est de toute façon la même : il a 150 ans pour se la poser, seul emprisonné sans plus aucun contact avec l’extérieur (son épouse a coupé les ponts après le suicide de leur aîné rongé par une culpabilité qui n’est pas la sienne, et puis apparemment son second fils est décédé peu de temps après d’un cancer - tristesse, tristesse).
Le scénario est dynamique, les personnages bien interprétés, pas si mal approfondis pour comprendre les relations ambiguës avec ce père qui a été trop idolâtré. Peut-être sont-ils un peu trop lisses mais on saisit à peu près le schéma familial qui l’érige en Pater Noster, on aurait pu s’attendre à davantage d’anecdotes des témoins interrogés par le FBI pour véritablement comprendre comment autant de gens, d’entreprises et de grands pontes de la finance ont pu être bernés.
Mais c’est ce qui fait l’incroyable histoire qui est racontée ici : comment, pourquoi (pas tant que ça ; pas de questions franches sur les motivations profondes de Madoff à brasser autant d’argent), on ne saura jamais (mais dur dur à croire que sa femme -jouée par Michelle Pfeiffer- n’était selon le film entremêlée à rien ; je me suis même posé la question de la pertinence de l’affiche du film où son épouse est debout à côté de lui, simple soutien naïf ou véritable complice ?).
Par ailleurs la question de l’incompétence et de la négligence des grandes institutions est posée rapidement sur la table pour ensuite être balayée. Dommage…