Pas facile d’écrire une critique sur « Kaizen ».
J’ai commencé à suivre Inoxtag sur YouTube lorsqu’il a commencé à gravir des montagnes dans sa préparation pour l’Everest.
Je ne suis pas alpiniste, je ne connais pas bien ce monde là si exigeant en technique et en rigueur. Mais j’ai toujours apprécié les supports sur cette thématique ; les documentaires de Natural Geographic, les récits d’alpinisme racontés et vécus par mon frère ou « Montagnes d’une vie » de Walter Bonatti que je continue à lire petit à petit, moi aussi…
De mon côté j’aime profondément la randonnée, marcher dans la nature, sentir l’effort et le partager avec des amis, et surtout avec ma famille qui elle me l’a enseignée depuis toute petite. Et la montagne offre en cela un décor des plus dépaysants pour ceux qui apprécient le goût de l’effort et de la découverte.
C’est pour ça que même si Inoxtag me semble loin de moi dans sa manière d’être ou de s’exprimer il a mis en lumière un monde qui me parle.
Inoxtag est le produit de ma génération à vouloir tout filmer, tout partager et tout vivre en même temps. Le discours est paradoxal : se déconnecter des écrans alors que c’est ce même outil qui lui permet de rassembler 30 millions de vues pour son documentaire.
J’attendais son analyse et ce regard altruiste qu’il a pu porter à travers son projet et je trouve qu’il s’en sort plutôt bien. C’est une personne qui a l’air, en tout cas à l’écran, sympathique avec une « morale » bienveillante.
Pourtant je ne crois pas qu’on puisse vraiment noter ce documentaire parce qu’il y a beaucoup de paramètres qui rentrent en jeu :
Beaucoup de points négatifs indépendamment (ou non!) d’Inoxtag :
- l’Everest est devenu ultra touristique avec le problème de politique népalaise sur le nombre d’autorisations d’ascension et donc une surfréquentation qui est devenue dangereuse et mortelle
- le système des sherpas (bien que les individus qui étaient présents soient mis à l’honneur par Inoxtag) n’est toujours pas optimal
- l’impact écologique énorme dont on ne cessera jamais de parler, j’espère.
Ensuite je regrette quelques petites choses sur la forme ; les plans sur les montagnes sont justes incroyables, la texture de l’image très travaillée en post-production mais je regrette le manque de vocabulaire et la vulgarité employée par Inoxtag pour parler de ce qu’il ressent et observe (lui qui s’exprimait très bien sur la dernière chronique de FranceInter après son expédition), et enfin la musique est certes épique mais ce documentaire aurait gagné à des moments de silence ou d’écoute du vent comme au moment de certains plans vus du dessus sur la montagne.
Finalement, je ne crois pas avoir suffisamment de recul pour donner une note globale au vue de tous ces paramètres, à cause aussi de mon âge proche de celui d’Inoxtag et enfin de la méconnaissance de l’impact à long terme que ce documentaire peut avoir.
Mais je dois reconnaître que sur le moment je l’ai beaucoup apprécié…