Si Darren Aronofsky est sans nul doute un des meilleurs réalisateurs de sa génération, son The Fountain m'avait cependant laissé de marbre. Pourtant le point fort du réalisateur réside sans aucun doute dans sa capacité à mettre en valeur les émotions humains, le concret et la noirceur de l'âme de ses personnages continuellement tourmentés. S'appuyant à chaque fois sur le thème du destin assombri tout en narrant de nouvelles histoires toutes plus différentes les unes que les autres, Aronofsky revient en 2008 avec un quatrième film, The Wrestler, et réussit à émouvoir avec l'histoire inattendue d'un catcheur has-beeen.
Le long-métrage raconte donc la vie tourmentée d'un ex-catcheur professionnel aujourd'hui à la retraite tentant de se racheter auprès d'une fille délaissée, portant sans cesse les stigmates d'une gloire déchue. Tourné de manière réaliste, quasiment comme un documentaire, The Wrestler s'avère poignant, hypnotisant, sidérant. Il faut dire aussi que tout le film est porté par un Mickey Rourke épatant et presque méconnaissable dont on applaudit la prestation à la fois simple et travaillée : tantôt d'un naturel déconcertant, tantôt d'une bestialité impressionnante sur le ring.
À ses côtés, les excellentes Evan Rachel Wood et Marisa Tomei, soutenant notre bon vieux Mickey qui campe quant à lui un personnage bouleversé finalement très proche de sa propre vie. Darren Aronofsky nous entraine donc à travers deux heures de métrage dans le quotidien de la morne réalité, dans la vraie vie d'un homme déchu qui tente maladroitement de survivre à une fin certaine. Avec ses habituels plans saccadés, sa caméra à l'épaule et son sens du découpage, le réalisateur de Requiem for A Dream fait à nouveau mouche, nous transportant dans l'un des plus beaux films de l'année 2009.