The X-Files, le film par Blèh
Difficile de juger ce film. Sorti à l'époque en même temps qu'aux US alors qu'il venait conclure la saison 5 sur le point d'être diffusée sur M6, on avait un peu de mal à suivre l'intrigue. Mais surtout, le problème de ce point charnière entre la saison 5 et la saison 6, c'est qu'il est une sorte de point culminant de la série, alors au top de ses audiences et de sa popularité mondiale, avant le terrible déclin de la saison suivante. Car si le film est particulièrement captivant lorsque l'on suit l'intrigue de la série dans son intégralité, avec son lot de révélations ses ABEILLES OH MON DIEU DES ABEILLES, et autres moments pour le moins ambigus sur la relation entre Mulder et Scully, quelques épisodes plus tard Chris Carter allait perdre tout intérêt pour la franchise, et balancer toute la conspiration dans un épisode intitulé "Toute la vérité", qui ouvrait la voie à la mort scénaristique de toute la suite de l'oeuvre. Du coup c'est la crise sur le marché des révélations : inflation totale et dévaluation de ce film qui malgré la claque initiale ouvre en réalité la porte au délire.
Reste alors le film en lui-même, hors de l'arc narratif gigantesque dans lequel il s'inscrit. Des personnages que l'on connait (le tandem, mais aussi l'homme à la cigarette, l'homme bien manucuré, Skinner, et d'autres encore) des thèmes qui ont un peu vieilli (OGM, Abeilles tueuses, conspirations gouvernementales autour des extra-terrestres), des situations bien oppressantes comme la série sait le raconter (pris la main dans le sac sur le point de découvrir la vérité, etc), le tout est correctement rythmé, plutôt bien filmé, mais peut-être un peu difficile d'accès pour qui n'a pas la série un peu en tête. Car à l'inverse du film sorti dans les années 2000, celui-ci n'est pas écrit comme un stand-alone mais comme un épisode "mythologique" (les deux types d'épisodes classiques de X-Files). Difficile d'y rentrer à moins d'être un peu nostalgique.
En conclusion, une dualité dérangeante : Un film qui, d'un coté, s'apprécie pleinement si l'on connait bien la série, mais qui hélas souffre de son rôle de démolisseur de l'édifice, puisque Chris Carter obsédé par le cinéma abandonnera rapidement son bébé après ce long-metrage. De l'autre, un visionnage isolé du reste de la série qui fait perdre tout son suc au film. Reste à inscrire son visionnage dans une intégrale complète que l'on sait arrêter à temps avant de voir ses espoirs déçus.