The Yards, le presque chef-d'oeuvre de James Gray

Cinq ans après Little Odessa qui l'a véritablement lancé dans le cinéma, James Gray revient avec The Yards où il traite ses deux sujets favoris que sont la famille et la mafia.


Armé d'un casting conséquent, composé notamment de Joaquin Phoenix, qui deviendra l'acteur fétiche de Gray, et Mark Wahlberg qui le retrouvera pour We Own the Night, The Yards est incontestablement un drame familial puissant. Malgré toute sa bonne volonté, Leo, un jeune homme un peu 'teubé' sortant de prison pour un délit mineur, ne parvient pas à revenir sur le droit chemin. Au contraire, il se retrouve même au mauvais endroit au mauvais moment et se voit pris pour cible par ses proches.
Gray met à rude épreuve les codes de la rue. Le silence condamnerait Leo à la prison mais s'il parle, il met à mal sa famille et son meilleur ami. Ceux-ci ont peu confiance en lui mais, une fois de plus, leur code de conduite les empêche de se débarrasser de Leo, on ne tire pas sur la famille. Le personnage principal est pris en tenaille entre transgresser la loi du silence ou sacrifier sa propre existence en prenant pour les autres.


Servi par un casting au poil et une BO d'une grande puissance, The Yards est un incontournable du genre mafieux, aussi par sa réalisation qui joue énormément sur les lumières. Mark Wahlberg, souvent critiqué à ses débuts pour son air un peu absent, correspond parfaitement à son personnage de Leo, un peu naïf et pas forcément très débrouillard, qui pourtant va évoluer au cours de l'histoire en s'adaptant au comportement des autres. Moins con qu'il en a l'air en gros. Phoenix est comme toujours impeccable, un vrai caméléon. Côté féminin, c'est Ellen Burstyn qui m'a le plus marqué par la qualité de son jeu. Mère désemparée au cœur fragile, elle assiste impuissante à la chute de son fils qu'elle sait innocent. Charlize Theron ne démérite pas non plus en jeune femme tiraillée et déboussolée par les événements.


Là où The Yards manque d'obtenir le statut de chef-d'oeuvre, c'est parce qu'il est très (trop) influencé par Le Parrain. Beaucoup de plans 'font' Coppola, et la scène de l'audience semble presque être une référence à la Trilogie. Plus encore, la musique et la façon dont elle est utilisée lors des scènes dramatiques sont clairement dans la même veine.


S'il n'y avait pas eu Coppola, The Yards aurait été un chef-d'oeuvre. Malheureusement, on ne peut s'empêcher de comparer au maître et, s'il ne démérite pas (au contraire), il a comme défaut d'être arrivé en second et donc de perdre son côté unique.

Jake Elwood

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9

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