James Gray nous refait avec "The Yards" un nouveau "Little Odessa", en plus ample, en plus spectaculaire, mais aussi en plus définitivement pessimiste. Sur ce film rigoureux, qui s'offre le luxe de la lenteur et d'un seul coup de feu - comme pour se détacher des plaisirs associés aux films du genre -, les ombres de Visconti et de Kazan croisent celles de la tragédie grecque et de Georges de La Tour. Sans doute grâce à la noblesse et la force de l'interprétation, on sera également tenté d'y retrouver des échos de la grandeur perdue du Coppola du "Parrain". Il est enfin remarquable de voir comment, grâce en particulier à la tonalité crépusculaire et les dialogues chuchotés, James Gray arrive à échapper à l'académisme qui menaçait un film aussi ambitieux et "classique" (aucun renouvellement ici des codes du film noir, c'est vrai !). [Critique écrite en 2001]