Voilà ! Titre à humour pas drôle : validé ! Récemment, j'avais critiqué le (pas terrible) film I Boy et conseillé d'autres films d'être à super-pouvoir comme Jeeg Robot ou encore la Lune de Jupiter et Thelma. Problème, mon cinéma a décidé de choisir pour moi en boudant la Lune de Jupiter et en privilégiant Thelma (je ne comprends toujours pas vu le nombre de GRANDES affiches qu'il a placé dans le cinéma sur la Lune de Jupiter, vous faites la promotion d'un film que vous ne diffusez pas ?). Du coup, 2e choix (en tout cas ce n'est pas plus mal) et au final excellent choix tant le film est génial.
Une réalisation qui va très loin
Je ne connais pas le cinéaste d'Oslo et Black Home Joachim Trier et il nous livre un film qui mélange horreur, psychologie et thriller avec une grande habileté. Chaque séquence est vraiment bien faite et impressionnant. La musique et la mise en scène sont classes au point que chaque scène est très bien pensée. Mon seul et unique problème est l'effet stroboscopique de certaines séquences qui est désagréable (oui, merci pour le mot de tête rien que pour le titre !). Cela dit , ce n'est pas hors de propos car à chaque fois pour montrer Thelma dans une situation qui risque à tout moment de déraper (spoiler, cela dérape. A un moment ou un autre). Même les transitions et les phases de flash-back sont plutôt intelligentes. Les flash-back ne sont jamais montrés comme des flash-back conventionnels mais faisant parti du film ou pour faire inédit (n'est-ce pas Brimstone ?). Les effets spéciaux sont vraiment bien faits, ils sont réalistes à bien des niveaux et fonctionnent
Sauf à une séquence : la disparition d'Anja. Mais en même temps, n'est pas les Washowski qui veut. Cela dit ça reste impressionnant
bref, on a des transitions qui fonctionnent, une réalisation efficace, une mise en scène qui marche des effets spéciaux vraiment bien correctes. Qu'en est-il des personnages et son histoire ?
Je ne suis pas le diable
Thelma jouée par Eili Harboe que certains l'ont vu pour le nommé aux oscars The Wave de 2015 est vraiment bien comme personnage. C'est une jeune étudiante venant d'une famille chrétienne pratiquante qui souffre d'un mal qu'elle ne comprend pas. Si une personne qui ne s'apprécie pas vraiment et qui finira par tolérer de moins en moins son éducation et ce qu'elle est (bien sûr elle ne comprend pas ses capacités qui font clairement plus de mal que de bien). Cela dit, elle va finir essayer d'en savoir plus sur elle même et exhibera les secrets enfouis de ses parents.
Anja (Kaya Wilkins) est une fille qui deviendra sa meilleur amie et plus. Elle aime Thelma mais sera malheureusement sa victime. Elle n'est pas particulièrement exploitée mais elle est suffisamment dévelopée pour qu'on s'attache à elle et on croit à la relation qu'elle noue avec Thelma.
Trond et Unni les parents de Thelma (Henrik Rafaelsen et Ellen Dorrit Petersen ) sont des personnages intéressants. Ils aiment Thelma mais en même temps craignent ce qu'elle est et ce qu'elle pourrait la faire subir. Mais leur crainte vient plus de leurs incompréhensions et de l'éducation religieuse qui en a fait considérer comme une sorcière et un montre
En même temps elle a tué son petit frère
Du coup, les voir agir de manière horribles envers Thelma est compréhensible.
Les autres personnages ne sont pas particulièrement exploités et des fonctions mais sont de bons personnages fonctions. Ils ne sont pas dans la caricature et influencent bien le court des événements.
Don ou malédiction ?
Le film suit les traces de Thelma qui possède une capacité où quand elle est exposée à des émotions fortes lui provoquent des Crises psychogènes non épileptiques (oui c'est clairement dit dans le film) et qui provoquent des catastrophes
En faite elle provoque des disparitions des personnes qu'elle souhaite
Le film montre le cheminement de Thelma qui essaye de comprendre quelque chose qu'elle perçoit comme une malédiction à cause de l'éducation religieuse qu'elle a reçu et aussi sa relation compliquée qu'elle entretient avec Anja. Bien sûr, son contact avec des personnes de son âge et la différence qu'elle ressent en face d'eux. Cela dit on sent que sa condition fait qu'elle se déteste au fond et perd tout contrôle. Le film exploite très bien par l'imagerie, ses fantasmes et ses sensations et la réalité. Elle va aussi découvrir la réalité derrière ses pouvoirs et ce que ses parents ont fait malgré eux ou ont subit
La mère a tenté de suicider à la mort de son frère et le père a administré des médicaments au point que sa grand-mère qui avait les mêmes problèmes a fini en légume
Le film mélange aussi habilement la symbolique médicale et religieuse (notamment le serpent très récurrent et les mésanges lugubres). C'est un film qui pose des questions sur la religion et la manière dont elle percevait (et continue) de percevoir négativement les phénomènes qu'elle ne comprend pas ou ne veut pas comprendre, sur le mal-être des personnes qui sont différentes (de part leur éducation, leur connaissance ou par leur orientation sexuelle), l'intégration et aussi le poids d'un passé trop lourd à porter. Le tout distillé dans un film à la fois horrifique et thriller qui prend bien. J'avais du mal à comprendre l'arc final mais ce n'est qu'un retour des choses comparées aux événements pré - génériques. L'écriture du film est aussi très intelligente et bien pensée et surtout subtile. Mon énorme problème est que quand on a compris le film et sa démarche, j'ai vu venir la fin. Clairement. Mais là, ce n'est pas la faute du film, mais juste moi qui avait pu reconstituer le puzzle
Sauf le faite qu'elle tue le père mais épargne la mère. Cela je ne l'avais pas prévu. J'ai eu du mal à adhérer à cette injustice mais quand on prend le film dans son ensemble cela fait sens
Bref, un film fort et maîtrisé de bout en bout, ne s'interdisant rien et traitant bien ses thématiques
Excellent erzats de Carrie
Globalement, le film est une nouvelle version de Carrie et une bonne version. Elle arrive à dégager sa propre thématique et ses propres enjeux tout en nous scotchant au fauteuil. Un film à voir absolument