Après un certain nombres de films décourageants découverts lors de l'Etrange Festival, Thelma fut à l'inverse une vraie bouffée d'oxygène.
Là, on sent immédiatement qu'il y a un cinéaste derrière la caméra et qu'il y a un vrai point de vue sur son matériel. Sur le principe, ce n'est pas fondamentalement révolutionnaire avec sa relecture du refoulée sexuelle se traduisant par des manifestations surnaturelles. Le film évoque d'ailleurs subtilement la Féline de Tourneur (ou Carrie) sans tomber dans le plagiat ou la citation directe.
C'est avant tout un très joli film sur la l'adolescence et ses problèmes d'identité, de pression familiale, sociale et scolaire. Les actrices sont fabuleuses et sublimées par une réalisation très sensible et à fleur de peau tandis que le scénario choisit plutôt la fragilité et le doute aux effets chocs. La dernière partie est un peu plus bancale avec sa critique de la religion et du conservatisme un peu facile mais demeure toujours habilement filmé avec son esthétisme froid et jouant beaucoup sur le vide et l'espace. Le premier plan ne parle que de cela d'ailleurs, de l'isolement et de la solitude au milieu de la foule. Trier décline cette idée tout au long du film avec un réel talent pour le trouble et la sensualité.