Ce film est incroyable. Déjà par sa densité, par son esthétique, par son message, et peut-être surtout car rarement un film m'aura autant parlé. Avant de commencer, je tiens à dire que je suis impressionné. J'ai ressenti le film comme une métaphore (j'y reviendrai), c'est absolument évident pour moi, c'est l'essence même du film. Ce qui m'impressionne, c'est qu'en sortant et en discutant avec une poignée de gens, je me suis rendu compte que personne n'avait perçu le film comme moi. Pourtant, je suis persuadé que je ne me trompe pas. Je me dis que c'est peut-être de là que viens cette faible note moyenne. Je vous invite à le voir avant de lire n'importe quelle critique sur ce film, et sans vous renseigner, comme je l'ai moi-même fait. Vivez ce film, c'est un film à vivre.
Je ne vais pas raconter l'histoire de Thelma, la narration c'est pas mon fort, et pourquoi raconter un film ? Si vous voulez savoir, voyez-le. On va égalemment éviter les banalités anecdotiques (elle tue sa petite soeur, c'est une reflexion sur l'inconscient parce que l'ainé est souvent jaloux sans s'en rendre forcément compte, ok c'est bien fichu mais c'est évident, cher public). J'ai plus envie de vous parler de ma perception. Si l'on retire l'introduction, le film s'ouvre sur un plan d'ensemble, on voit une cour de cité universitaire, avec une foule d'adolescents semblables. Le regard ne s'arrête sur aucun. On remarque Thelma grâce au zoom seulement, elle n'est au départ qu'une adolescente parmi tant d'autres. Le film se termine de la même manière. On voit Thelma, accompagnée cette fois, puis on revient progressivement au plan d'ensemble, sur la même cour, où Thelma redevient bien vite une adolescente parmi tant d'autres. Entre les deux, la vie de Thelma. L'histoire de la vie d'une adolescente qui se trouvait là, parmi tant d'autres. Bon sang, comme ça, l'image saute aux yeux non ? Il est impossible que ces plans soient là au hasard. Ils sont courts, mais c'est la clé du film.
Thelma est un film fantastique (ici ce n'est pas un adjectif dythyrambique, intrusions d'élément anormaux dans le réel). Son histoire est fantastique : elle a des pouvoirs. Elles ne s'en rend pas compte. Thelma sait qu'elle est différente des autres, sans comprendre pourquoi. Son éducation ? Sa religion ? Puis elle commence à comprendre. Tout dégénère. Elle a découvert sa différence, horrible malédiction. Pourquoi moi ? "Seigneur, je t'en veux", dira t'elle. Lorsqu'elle découvre le chemin qu'on a tracé pour elle, un être si différent, anormal, un monstre, tout devient cauchemar, tout ce qu'elle aime tombe, jusqu'à sa mort symbolique, qu'elle provoque tant elle ne se supporte pas. Elle revient d'entre les morts : elle a réussi à accepter qui elle était, et sa différence est devenue sa force. Bon sang, c'est ça les grandes lignes du film, non ? LE MESSAGE EST PAS COMPLETEMENT EVIDENT ?
Bon sang, je m'exprime mal, excusez moi, c'est ma première critique écrite, c'est fouilli. Bon, donc c'est une sorte de métaphore qui doit parler à certains, je sais pas à quel pourcentage de gens exactement, mais à moi, ça me parle. Le film n'a qu'une chose à vous dire : vous vous sentez différent ? Incompris ? Cherchez à comprendre ce qui vous différencie des autres, travaillez-le (ça demande beaucoup d'efforts), acceptez-le (c'est dur), faites en votre force, et vous serez quelqu'un. Tout ça passe par une histoire fantastique qui déjà sans ce fond était incroyable. Il y a un nombre impressionant de thèmes dans ce film, une tension permanante, une ambiance puissante, une BO sublime, des images, des scènes marquantes (vu au cinéma, plaisir x1000), un scénario bien ficelé. Oh et puis ces acteurs, cette actrice ! Tiens, et entre autre, ça parle de religion (catholique). C'est vrai, ils sont très croyants dans ces pays du Nord (Norvège, ici). Tiens et cette image par le fantastique, ça fait pas un peu parabole d'ailleurs ? Les petites images pour aider le peuple, qui passent par des fictions parfois irrationnelles ? J'vais arrêter là parce que j'arrive sur un terrain que je connais trop peu pour affirmer quoi que ce soit, mais je pense que là aussi, ce n'est pas du hasard, le choix même du fantastique a un sens. Rien n'est laissé au hasard, tout est pensé de A à Z.
Reste la possibilité que je me trompe. Je vois des preuves dans tous les plans du films, mais je les vois peut-être parce que je me projette trop sur ce film. C'est évident pour moi, mais je ne suis pas dans la tête de Joachim Trier. Écoutez, voyez-le, revoyez-le puis dites moi, ça m'intéresse.
Saucimon
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le 5 mars 2018

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Saucimon

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