Thelma et Louise (Geena Davis et Susan Sarandon) partent pour un week-end de deux jours loin de leurs foyers respectifs. Mais dès leur premier arrêt, un homme essaye de violer Thelma, et Louise abat le violeur. La police aux trousses, voilà que l’escapade des deux femmes devient une course contre la montre en direction de la frontière.


Film culte du féminisme, Thelma et Louise s’avère peut-être original dans son postulat de base : remplacer les habituels rôles masculins du film noir par des rôles féminins. Mais passé cet interversion des sexes, on ne voit pas bien où est l’originalité. Car comme tout féministe qui se respecte, Scott fait preuve d’un étonnant manque de finesse, en brossant des personnages réduits à des stéréotypes atterrant. De fait, les hommes sont évidemment tous cantonnés à des rôles de paumés obsédés, voleurs ou simplement incapables (seul Harvey Keitel incarne un inspecteur un tant soit peu sympathique) et les femmes sont toutes inexistantes en-dehors des deux protagonistes (sans doute parce que le féminisme, c’est drôle un instant, mais ça ne doit pas nous empêcher de nous rappeler que ce genre de film, c’est avant tout un film d’hommes !). Quant aux deux héroïnes, on ne voit pas bien ce qui pourrait nous pousser à s’attacher à elles, malgré le talent indéniable des deux actrices, puisqu’on les voit s’enferrer avec un plaisir ostentatoire dans leurs erreurs, et commettre sans aucun scrupule des méfaits tellement gratuits que rien ne peut venir les justifier. Si c’est ça, la liberté, alors voilà de quoi faire aimer les contraintes de la vie en société…
Si on arrive, donc, à passer outre une vision désespérante de l’humanité et une apparente volonté de satire qui n'atteint presque jamais son but, on pourra tout de même se laisser fasciner par les quelques sublimes paysages traversés par la Ford Thunderbird 1966 (bien plus intéressante à suivre que les deux passagères qu’elle transporte), et en venir à regretter que les personnages se sentent obligés de venir gâcher le spectacle. A défaut d'être un bon drame, Thelma et Louise est au moins un beau voyage à travers les Etats-Unis, on ne peut pas lui enlever ça.
Puis il faut dire qu'en plus de cela, Scott se réveille soudainement à la fin pour nous offrir un dernier quart d’heure absolument superbe, où il se décide enfin à faire preuve de ses talents exceptionnels de metteur en scène, notamment par sa manière de filmer les voitures dans le désert, à la manière d’un western. C’est par ces talents qu’il parvient à rendre sa scène finale particulièrement marquante (ce qui n'enlève en rien la vacuité du propos), mais c’est un peu tard. Il n’en illustre pas moins, de manière plus ou moins volontaire, que toutes ces belles idées à base d’émancipation, de rébellion et de libération des esprits finissent inéluctablement toujours au même endroit : au fond du gouffre.

Tonto
5
Écrit par

Cet utilisateur l'a également ajouté à ses listes Les meilleurs films de Ridley Scott, Les meilleurs films avec Brad Pitt et Les meilleurs films de 1991

Créée

le 13 mai 2017

Critique lue 1.8K fois

13 j'aime

5 commentaires

Tonto

Écrit par

Critique lue 1.8K fois

13
5

D'autres avis sur Thelma et Louise

Thelma et Louise
Gand-Alf
9

Deux rouquines en cavale.

Alors qu'il peine à s'extraire du carcan du cinéma de genre à qui il a donné certains de ses plus beaux représentants ("Alien", "Blade Runner", "Legend"...), le cinéaste Ridley Scott va enfin...

le 5 juil. 2014

73 j'aime

6

Thelma et Louise
Sergent_Pepper
5

Chicks and run

Il en va du vieillissement des œuvres comme de celui des personnes : la question n’est pas tant de savoir si l’on vieillit bien ou pas, mais plutôt d’accepter l’idée que l’âge accroît la les défauts...

le 5 févr. 2019

65 j'aime

16

Du même critique

Solo - A Star Wars Story
Tonto
8

Mémoires d'un Han

Dans les méandres de la planète Corellia, où la population a été asservie aux ordres de l’Aube écarlate, organisation au service de l’Empire, un jeune homme, Han (Alden Ehrenreich) tente de s’évader...

le 24 mai 2018

79 j'aime

32

Hostiles
Tonto
9

La fantastique chevauchée

1892, Nouveau-Mexique. Vétéran respecté de l’armée américaine, le capitaine Joseph Blocker (Christian Bale) se voit donner l’ordre de raccompagner le chef cheyenne Yellow Hawk (Wes Studi), en train...

le 20 mars 2018

78 j'aime

15