Un road-trip qui ne peut s'achever.

Que dire de plus de ce film dont je pense que tout a déjà été dit par des gens sachant bien mieux écrire que votre humble serviteur ici présent ?

Regarder Thelma et Louise, c'est s'assurer un road trip, mais pas seulement celui que l'on pense, pas celui dans l'Amérique profonde dans lequel je reviendrais très vite. Mais également un road trip dans le temps, dans une Amérique en transition entre les années 80 et 2000, car n'est-ce pas là que sont les années 90 ? A une époque en plein changement, d'autant plus remarquable maintenant que nous vivons en 2024, et que nous observons combien la place de la femme a évolué depuis.

Car oui, Thelma et Louise est un film sur deux femmes, différentes à première vue, mais se révélant si similaire. Ce qui les différencie, ce sont leurs expériences. Louise est plus âgée, plus expérimentée, sait déjà ce qui est bon, ou ce qui est à craindre pour son amie Thelma. Mais même ses conseils avisés ne sont pas suffisants pour protéger Thelma du monde dans lequel elle vit, un monde patriarcal où l'homme fait loi, et où se défendre est vécu comme un crime. Bien vite, ce qui ne devait être qu'un petit moment de liberté, une petite rébellion contre le carcan dans lequel elles sont enfermées, devient un mode de vie obligé, puis choisi.

Une fuite en avant, à travers l'Amérique sauvage. Une Amérique composée d'hommes qui ne cessent de rappeler à ces deux femmes que nulle part, elles n'échapperont à leurs figures, et à l'autorité qu'ils essaient d'imposer sur elles. Thelma et Louise laissent derrière elle le monde dit civilisé pour s'enfoncer de plus en plus dans ces paysages déserts, s'accomplissant en tant que personne, et non plus en tant que femme. Car oui, petit à petit, et cela est d'autant plus remarquable avec Louise, cette dernière abandonne ses attributs qui la caractérisent en tant que femme, ou plutôt, en usant de ce terme, ce que le monde lui ordonnait d'être en tant que femme. Fini le rouge à lèvre, puis les bijoux, Louise les échange contre un chapeau de cow-boy, pour devenir ce qu'elle aurait toujours du être, un citoyen de première zone, non plus au service de l'homme, mais un individu à part entière, libre de ses décisions. Et dans ce voyage, Thelma apprend auprès d'elle, pour cette dernière, c'est une prise de conscience progressive, qui l'oblige à comprendre et accepter ce regard qu'avait son amie depuis toujours. D'abord soumise, elle devient à son tour une force, un égal à Louise, prête à la soutenir, mais aussi à la suivre dans sa démarche. Jusqu'au bout, dans un monde où nul homme ne leur imposera quoi que ce soit par la force, dans un voyage qui au final, ne peut s'achever.

Car si Thelma et Louise continuaient de rouler aujourd'hui, elles sauront que n'est pas encore venu d'interrompre leur voyage.