Le genre de films qu'on aimerait adorer, mais qui déploie continuellement des efforts colossaux pour nous laisser à distance. A la fois épique et manquant de souffle, potentiellement bouleversant mais finalement froid, There Will Be Blood est peut-être prisonnier du style Anderson. Un style qui force autant le respect (cette superbe introduction quasi muette) que parfois l'agacement devant une dramaturgie qui confine soudainement au grotesque (le duel final). L'histoire reste passionnante, dressée avec un souci du détail ahurissant, mais c'est comme s'il devenait de plus en plus illusoire au fil des minutes d'espérer qu'on puisse enfin franchir la barrière de l'écran.
Même si Daniel Day Lewis apporte encore une fois cette présence unique, ce regard noir de fou furieux, il est aussi l'incarnation d'un personnage complexe, imprévisible, qui se refuse à l'empathie. Un beau geste de scénariste, du pain bénit pour l'acteur, mais malheureusement c'est aussi un peu ça qui m'a empêché de vivre à fond la course désespérée de Daniel Plainview.