Thérèse Desqueyroux par Awita
Le choix des acteurs peut être étonnant, mais dans le bon sens : Claude Miller a fait un sans faute : Thérèse, Bernard, ainsi qu'Anne, Jean, la mère Desqueyroux... Ayant lu le roman, j'aurais pu être déçue à leur simple apparition dans le film, mais rien de tel.
Il faudra attendre encore un peu...
Cependant, choix des acteurs ne signifie pas interprétation.
Gilles Lellouche, l'exception, se métamorphose en Bernard sans aucune difficulté ; le rôle lui va parfaitement. Thérèse résumera très bien son mari en cette phrase prononcée à propos du procès : "on a dit simple Bernard, pas simpliste"...
Quant à Thérèse... il y a tant de chose à dire ! Audrey Tautou a le visage parfait pour Thérèse : beau, fin, mais qui malgré la jeunesse paraît déjà dépérir... Néanmoins, j'ai été désenchantée par l'ensemble : alors qu'elle n'est pas encore malade, Thérèse marche déjà comme si elle avait trente ans de plus et des robes trop larges, quel manque de classe pour la Desqueyroux !
Le livre est composé en analèpse. Le film, lui, a été tourné de manière chronologique, ce qui est un parti pris, logique de plus. Mais tellement de scènes ont été rajoutées et d'autres enlevées... Je ne cache pas ma déception.
De plus Thérèse n'est pas assez montrée dans sa souffrance, - hormis la scène de la visite des futurs mariés Deguilhem où Tautou est parfaite et fait verser une larme méritée ! - on s'attend à un déperissement lent, on ne ressent pas les années passer avec autant d'apathie que l'héroïne.
On a l'impression que le réalisateur à voulu plaire à un public qui a trop tendance à s'ennuyer devant un gros plan de plus de 3 secondes.
En outre, erreur des dialoguistes Carter et Miller à mon sens que d'avoir supprimé la poésie de Mauriac au profit de mots banals tels que "flirt"... Comodité également que d'avoir fait parler Thérèse à haute voix lors de sa nuit avec Anne : "J'ai trop d'idées dans ma tête..." Rhétorique d'une enfant de douze ans.
Où est passée la Mystérieuse ?
Elle est morte avec ce film, ainsi que la poésie au milieu de la technocratie.
Et on ose nous le cacher ?