Thérèse Desqueyroux par MrOrange
Je n'attendais absolument rien de ce film, pensant me trouver face à une adaptation insipide du roman de Mauriac.
Je me suis trompé. Même si certaines scènes sont maladroites (notamment le dernier plan avec la marche dans Paris, inutile et incohérente avec l'atmosphère du film), Claude Miller nous offre quelques très belles scènes et beaux plans, et surtout, arrive à introduire une belle ambiance dans son histoire, avec par moment une très belle utilisation de musique piano de Mathieu Alvado.
Au début, les personnages sont très simples, antipathiques, inexistants, fabriqués. Mais ce qui est beau, c'est qu'il y a une évolution constante dans leur psychologie, et le film gagne en humanisme, et en mélancolie, plus il avance. Gilles Lellouche (j'ai eu peur au début, mais à l'instar de son personnage, son jeu évolue positivement) prend pitié de celle qui tenta de l'empoisonner, cette dernière cherchant toujours la raison de cet acte à but meurtrier.
C'est un très beau film posthume, car il monte en crescendo, on ne peut pas sortir de la salle en se disant "Mince, Miller a raté son coup pour son dernier film". Non, tout progresse, malgré, comme dit précédemment, une scène finale assez ridicule. Les personnages s'éloignent de leurs manières bourgeoises provinciales un peu simplistes et gâteuses, prennent conscience de l'importance d'une stabilité amoureuse et familiale. Celles qui ont toujours voulu vivre dans la liberté et l'inconscience se rendent alors compte de la nécessité de la vie de famille. Les arrangements à fin politique auront au moins eu le mérite de faire revenir à la réalité, et au vrai monde, ces figures jusqu'alors superficielles qui vécurent cloîtrées dans des villas provinciales à faire des parties de campagne.