Le nouveau film Marvel est consacré à Thor, le Dieu du Tonnerre. Son adaptation était périlleuse, puisqu'on ne peut pas le traiter comme un super-héros typique (même s'il est apparu pratiquement en même temps que les autres super-héros emblématiques de Marvel) : il ne doit pas ses pouvoirs à la science mais à sa nature "divine" (même si 10 siècles de christianisme dans les terres des Vikings l'a relégué au rang de mythe à l'instar de nombre de panthéons polythéistes). Il n'y a donc pas besoin de réelle genèse pour ce personnage.
Le choix du réalisateur a été audacieux puisqu'il s'agit de Kenneth Brannagh, grand spécialiste de Shakespeare, pas forcément familier des univers super-héroïques. Mais heureusement, on est loin du résultat auteurisant et piteux du Hulk de Ang Lee : on a affaire à une pièce shakespearienne à grand spectacle (et qui finit bien, évidemment), qui ne sacrifie aucun de ses aspects : la psychologie des Asgardiens est aussi complexe que possible (dans un blockbuster, s'entend) mais les effets spéciaux et l'action ne sont pas en reste (pas de caniches mutants ou de monologues freudiens).
Ce film raconte l'histoire d'une lutte fratricide pour le pouvoir, des attentes déçues d'un roi qui condamne son fils préféré à l'exil, et ce dernier va devoir s'amender (même si c'est un peu rapide et facile dans le film) ... On est donc loin des enjeux des films super-héroïques traditionnels : Thor n'a pas à maîtriser de nouveaux pouvoirs, à assumer de nouvelles responsabilités et à se construire en tant que héros, mais au contraire faire preuve d'humilité pour être digne de regagner son rang.
Les acteurs font bien leur boulot : Chris Henworth a la bonne carure pour incarner ce personnage, Anthony Hopkins est un père bienveillant mais sévère, Nathalie Portman fait plus office de potiche qu'autre chose (mais c'est quand même Nathalie Portman) et Tom Hiddleston (que je ne connaissais pas avant ce film) joue brillament un Loki complexe et retors. Dans le rôle plus secondaire de Volstagg, on retrouve avec plaisir Ray Stevenson (Titus Pullo de Rome). Sinon, j'ai également repéré les charmantes interprètes respectives de Sif et Darcy.
Les effets spéciaux sont réussis et d'un point de vue esthétique, Asgard et les Asgardiens ne sont pas kitschs, ce qui semblait être un écueil majeur.
Sinon, on retrouve des allusions au futur film des Vengeurs et aux films déjà tournés par Marvel, avec la présence de l'agent Coolson (qui avait tant de mal à parler à Tony Stark dans le premier Iron Man), une allusion à Tony Stark et le caméo d'un certain agent Barton (qui sous son identité super-héroïque aime jouer de l'arc). La scène post-générique vaut le coup d'oeil pour les fans de la continuité filmique en train de se mettre en place.
J'étais assez sceptique au départ, mais au final, c'est un bon film, qui réussit à installer de manière crédible le Fils d'Odin et son univers dans le contexte "marvellien" développé au cinéma.