Et voilà le film super héroïque que j’attendais le plus en 2017 ! Celui qui s’annonçait comme une belle dinguerie visuelle bien amené, avec ambiance rétro en prime. Du moins, c’est ce que laissait entendre le trailer, parmi les plus ouf que j’ai pu voir. Mais d’un autre côté, les choses ne partaient pas spécialement gagnantes : un réalisateur méconnu (je n’ai jamais vu un seul de ses précédents films), un MCU qui peine à se renouveler, et une ambiance old school rappelant énormément les « Gardiens de la Galaxie », pans de l’univers Marvel avec lequel j’ai encore beaucoup de mal à adhérer. Je voulais tout de même y croire… Et au final, ai-je eu raison d’espérer un miracle ?
Reprenons dans l’ordre : nous en étions restés après « Thor 2 : Le Monde des ténèbres », film à peine passable et oubliable, dont le seul intérêt était de faire avancer l’histoire de l’univers global : Odin porté disparu, Loki sur le trône d’Asgard. Puis vînt « Avengers 2 : L'Ère d'Ultron », et la disparition soudaine de Hulk. C’est basiquement tout ce qu’il vous faut savoir pour entrer dans ce récit, où les grands éléments du MCU externes au film relèveront plus du clin d’œil et du fan-service qu’autre chose. Autrement dit, même un profane ne connaissant pas l’univers Marvel peut sans grande crainte entrer dans cette aventure haute en couleurs !
Tout commence très rapidement, par un simple dialogue de Thor face à un squelette fort décomposé. Puis l’antagoniste… Extrêmement tourné en ridicule, suivis d’une monstrueuse phase d’action qui n’est pas sans rappeler l’ouverture d’un autre Marvel sortie plus tôt cette année. Le tout est totalement bien géré, dosé et cadré avec une finesse assez folle, qui laisse présager beaucoup de bonnes choses pour la suite. Car dans cette simple scène pré-générique, tous les éléments d’un bon Marvel sont déjà en place, et prêt à révéler un génialissime divertissement ; la caméra de Waititi est plus posée et moins chaotique que celle des Russo, l’humour est débile mais absolument bien dosé, et la mise en scène, par le biais de la réutilisation d’une vieille musique fonctionne carrément. Tout n’est que démesure, alors que le générique n’est même pas encore passé, mais on s’en fiche, car on se retrouve dès lors plongé dans un festival numérique réjouissant, comme seul les bons Marvels savent nous en apporter ! Attention cependant, car bon nombre de scènes d’ouvertures de cet univers sont excellentes, tandis que seule une poigné de film parvienne à conserver ce rythme sur la longueur… Seront nous face à un de ces résistants ?
Par la suie, les choses se gâtent légèrement : le film peine à se trouver un bon équilibre entre action/récit et humour. L’action se fait inexistante, tandis que le récit avance trop vite, et que l’humour se fait trop présent. A dire vrai, le quota d’humour crève tout simplement le plafond, et dépasse l’entendement, comme lors de ce rappel théâtral des évènements du précédent film, avec un caméo tout simplement IMPROBABLE, un Anthony Hopkins classieux au possible qui murmure un « eh merde » magistral, ou un sorcier terrestre inutile, qui ne sera là que pour faire plaisir aux fans, et les faire rire plus encore. A vrai dire concernant ce point, je m’attendais à sa venue, mais je m’attendais à la trouver mieux… Exploitée. Bah, tant pis ! Toujours est-il que cette partie se cherche encore un équilibre, chose qui avait si bien marché dans la première scène pré-générique. Fort heureusement, elle trouvera cet équilibre à l’instant où arrivera le principal antagoniste du film, et où Thor se retrouvera projeté dans une décharge fleurant bon les relents d’électroniques, de bornes d’arcades et de motos aux néons fluorescents.
C’est là que tout part littéralement en couille, dans le bon sens du terme, et que j’ai totalement commencé à jubiler.
Comprenez bien que la suite ne reflète que mon avis personnel : si le début de l’œuvre se cherchait un équilibre, alors cette suite l’a trouvé, et ne l’a pas lâché jusqu’à la dernière seconde post-générique. Certain rétorqueront que Marvel fait du Marvel, et s’enfonce dans un genre « à l’ancienne », qui n’est pas sans taper dans la veine nostalgique des fans. Ce à quoi je répondrais que JUSTEMENT, le studio a trouvé comment rendre ses films plus vendeur encore, et que cela ne doit pas être un argument en défaveur du récit ! En tout cas, à partir de cet instant, c’est la débandade, tout fou le camp, et laisse la place à un joyeux bordel, gros défouloir jouissif où les acteurs les plus charismatiques, drôle et inutiles se succèdent pour notre plus grand bonheur !
Dans ce grand foutoir qui sert de trame narrative au chaos du Ragnarok, on trouvera en tête un Chris Hemsworth qui n’a plus grand-chose à prouver, si ce n’est qu’un passage chez le coiffeur garant du 4ème mur n’est pas sans lui faire du bien, tout comme le port du bandeau sur l’œil droit… A côté de ça, Tom Hiddleston l’accompagne avec son sourire et sa perfidie habituel, qui a tant fait rager les fans. Ici, le sidekick lui sied aussi bien que le rôle du méchant il y a quelques films de cela ! En complément de ces deux mastodontes, here come a new challenger ! L’ineffable, inénarrable et phénoménal acteur qu’est Jeff Goldblum daigne s’incruster dans ce nouveau pan du MCU, dans un rôle si génial que seul lui pouvait l’interpréter avec autant de brio ! Beaucoup diront sans doute qu’il était totalement inutile, et ça se comprend, mais tout de même, sa prestation était trop génialement bien interprétée pour la réduire simplement à l’oubli. Dans le même panier des très bons de ce film, on retrouvera Tessa Thompson en guerrière alcoolique drôle sans le faire exprès, simple mais toujours efficace (dire que la dernière fois que je l’ai vu, c’était dans une série en compagnie d’Odin… Damn !). Enfin, parmi les sympathiques de ce film, on retrouvera un autre nouveau dans l’univers, à savoir Karl Urban, dans un rôle qui ne libèrera malheureusement son plein potentiel qu’à la toute fin…
Cependant, il est bon de noter que d’autres acteurs n’ont pas eu la chance de posséder des rôles aussi glorieux, étant tout simplement trop peu important en comparaison de la majesté que revêtaient les rôles décrits ci-dessus. Dans cette catégorie, je rangerais en premier lieu Anthony Hopkins, qui ne sert au final que de caméo, tant son apparition est limitée dans le temps, mais également Idris Elba, qui perd de sa prestance et de sa grandeur, trop occulté face aux autres héros. Plus dérangeant, Mark Ruffalo fait le figurant face à la créature qui prend sa place pour mieux crever l’écran de sa toute-puissance. Et surtout, plus décevant encore, Cate Blanchett, si belle et puissante… mais teellement sous-exploité ! L’histoire qui aura pu nous entrainer dans un furieux tourbillon de fin du monde, prend au final des accents de road-trip interstellaire, chose pas réellement dérangeante, mais qui empêche l’antagoniste principale de l’œuvre de libérer son plein potentiel, elle qui passe la majeure partie du film à attendre, les fesses posées sur le trône d’or…
Malgré cela, le film avance à toute vitesse, faisant déferler des vagues insoutenables d’action et d’humour, de manière si bien dosée qu’elles cimentent l’œuvre entre elles, sans laisser le temps au spectateur de reprendre son souffle. La deuxième moitié du film est ainsi faite, qu’elle alterne superbement bien entre ces deux aspects, et offre un spectacle fast et furious qui ne marque aucun temps mort entre chaque scène. Je le répète encore une fois, mais nous sommes face au film le plus déjanté et décalé de cet univers pourtant déjà tellement peu sérieux. Les caméos s’enchainent aussi vite que les références à d’autres œuvres ou que les blagues douteuses mises en scène grâce à des personnes secondaires aussi inutile qu’hilarant.
Mais de l’autre côté, la mise en scène offre des plans démentiels propre à vous coller les larmes aux yeux, tant certains sont iconiques et beaux. Toute la scène de l’arène, et du combat titanesque qui en découle, ou encore ce flashback forcé de la première bataille opposant les Valkyries à Hela, ainsi que l’impressionnante bataille sur le pont de verre du Bifrost… Tous ces plans, filmé d’une main de maitre, aux couleurs si maitrisées et à la réal’ tellement assumée ! Le film et bourré de détails et de plans tout simplement classe, qui rendent l’ensemble si plaisant pour les yeux. Même si le principal régal pour les sens ne viendra pas de la vue… Mais de l’ouïe !
Je terminerais en effet cette critique déjà trop longue et élogieuse, par parler de ce qui rend vraiment ce film si exceptionnel et dingue. Car après tout, tout ce que j’ai pu dire jusqu’à maintenant pouvais s’appliquer à bon nombre d’autres films Marvel, non ? Mais fort heureusement pour le film de Taika Waititi, tous n’avaient pas une bande originale aussi démentielle que celle composée en ce jour par Mark Mothersbaugh ! Véritable chef-d’œuvre monumental aux accents aussi héroïques qu’électronique, elle porte le film à elle toute seul, et apporte une couche épique à la moindre des scènes pourtant déjà si bien réalisées ! Régal que je vais m’empressé de ré-écouter rapidement en stand-alone pour voir ce qu’elle vaut sans les images.
Du reste, je dirais simplement que la VF est agréable, et s’en sort, comme pour chaque Marvel, assez bien.
Il n’y a pas à tortiller du fion (ou de l’anus de Satan, c’est comme vous voulez) : Thor Ragnarok est pour moi le film le mieux dosé du MCU, dans son équilibre précieux entre action/récit et humour. Bien que débutant maladroitement, le tout sait se relever, et nous démontre une fois de plus que Marvel n’est jamais aussi bon que lorsqu’il fait du pur Marvel. Rendez-vous maintenant en 2018 pour la suite du programme qui s’annonce encore plus épique et dantesque ! :D