Je vais finir par croire que je suis sois frustré du MCU, soit vraiment exigeant. Après la semi-déception qu’avait été Civil War suite à l’attente provoquée, j’attendais quand même beaucoup de cette troisième aventure de Thor, que ce soit par le pitch de départ (fin du monde nordique, Hulk comment personnage principal), le casting alléchant et surtout la patte visuelle annoncés. Et ben ça n’a pas raté : j’ai été encore en partie déçu par Thor : Ragnarök.
Le film n’est pas mauvais, loin de là. Au contraire, c’est sans doute et de loin le meilleur film de la trilogie Thor. Et même si ce n’était pas en soit très difficile, il se situe plutôt dans la moyenne correcte des autres films du MCU. Comme les critiques le soulignaient, c’est également un des films les plus drôles de cet univers. Cependant, il est loin d’en être le meilleur, je dirai plutôt qu’il est sans doute celui qui aura réussi à embrasser le plus la politique suivie par les films depuis un moment déjà : une intrigue fun, de l’humour à gogo et surtout une palette couleur extrêmement riche. Et là où par exemple Les Gardiens de la Galaxie Vol. 2 était allé trop loin dans le concept, Thor : Ragnarök a réussi à trouver le parfait dosage dans l’ensemble pour que ça fonctionne.
Mais voilà, une fois cet aspect passé et l’humour écarté, il ne reste au final pas grand-chose. Encore une fois, le méchant sera décevant, limite ennuyant. Hela avait un très gros potentiel : non seulement première vilaine du MCU, elle avait également su s’introduire avec brio dans les bande-annonces. Le souci, c’est qu’au final on avait déjà tout vu à son propos ou presque, et que sans la charisme de Cate Blanchett, on aurait sans doute eu droit au cas typique du personnage qui se crash en plein vol digne des nanars les plus célèbres. Du coup, toute la partie autour d’Asgard tombe un peu à l’eau, et alourdit le film dans son ensemble, même si la conclusion soulignera le symbole qu’Asgard représente et permettra de boucler la boucle concernant Thor. Mais dans l’ensemble, ça reste fade et sans saveur.
On en parle des « camarades » de Thor depuis le premier film, qui ont encore droit à 30 secondes d’écran chacun avant de mourir sans que cela ne provoque la moindre émotion chez le spectateur ?
même le combat final, bien qu’épique et très cool, manquera un peu de tension ; et puis sa résolution laissera un goût d’inachevé.
Reste alors la deuxième partie du film, à savoir l’intrigue centrée autour de Thor. Ce sera sans doute la meilleure partie du film, et surtout permettra enfin de bien exploité le personnage de Thor (à défaut de son univers) au point que pour la première fois, on pourra dire qu’il s’agit bien d’un film Thor et non d’un film Loki. Loki qui sera donc un peu en retrait mais aura toujours droit à ses scènes bien particulières qui font qu’on l’adore autant. Du coup, ouep, toute l’intrigue qui se déroule sur Sakaar sera sans doute le meilleur passage du film, avec comme point culminant le fameux duel entre Thor et Hulk. Cela signe les retrouvailles entre les personnages, nous réservera une scène d’action épique et puis quelques répliques hilarantes. La suite ne réussira pas vraiment à recréer la dynamique, mais la complicité entre Thor et Hulk/Banner fera fonctionner le reste du film avec efficacité.
Néanmoins, comme je le disais, le film est centré sur Thor. À l’image des autres Avengers au cours des derniers films, le cœur du film ici est de placer son personnage dans une citation où il doit prouver qui il est réellement, et surpasser le statut dans lequel il s’est lui-même placé au fil du temps. Et avec un personnage comme Thor, c’est un procédé plutôt intéressant, même si cela conduit parfois à un humour un peu trop poussé qui provoque un anti-climax (autre défaut du film, certaines scènes auraient gagné à ne pas être coupée ainsi, je pense notamment à l’arrivée de Hulk sur Asgard, même si ce n’est pas au niveau de GotG Vol.2).
Concernant le casting, j’ai déjà dit que Cate Blanchett sauvait pratiquement son personnage du ridicule absolu. Chris Hemsworth portera là sans doute sa meilleure interprétation du personnage, on finit enfin par s’y attacher, à vouloir le suivre, le tout en gardant les traits de caractères qui faisaient ce qu’il est. Tom Hiddleston sera fidèle à lui-même, bien que Loki soit un peu plus en retrait cette fois-ci. On pourra presque regretter l’utilisation de Jeff Goldblum : on le voit au final très peu, et il fait du Jeff Goldblum à la perfection comme toujours (et c’est pour ça qu’on l’adore), mais bon au final on a cette sensation de sous-exploitation. Karl Urban fera ce qu’il peut avec un rôle prévisible et sans réel intérêt. Enfin, le personnage en avait, mais le film a décidé de jouer la carte du cliché à fond. On pourra éventuellement sourire au clin d’œil à peine caché au Seigneur des Anneaux. Tessa Thompson apporte une touche particulière, avec un personnage qui respire la classe le plus souvent, tout en étant parfois à la limite de tomber dans la surenchère... Elle arrive à jongler, mais il y a quelque fois où c'est limite.
Techniquement, le film suivra la trace de ses aînés. La musique de Mark Mothersbaugh créera cette ambiance très électronique (accompagnant à merveille certains effets sonores) jouant sur plusieurs des thèmes des précédents films, et la bande son qui accompagne le film sera une merveille. Je pense notamment à Immigrant Song de Led Zeppling, parfaitement utilisée et donnant au tout un souffle purement classe et épique. Effets spéciaux seront très corrects, tout comme les décors et les costumes, avec cette touche très colorée donc sans qu’on en fasse une overdose. Et la mise en scène de Taika Waititi sera efficace, même si comme je le disais, certaines scènes sont gâchées par l’intervention de l’humour.
Bref, Thor : Ragnarök permettra enfin au personnage titre d’avoir un film à la hauteur de ses camarades Avengers, ce qui après plus de 7 ans était plus que temps. Le film sera sans doute qui réussit le mieux à endosser la stratégie du MCU jusqu’à présent (fun + humour + action + couleur), mais il lui manque quand même encore un véritable antagoniste pour pouvoir espérer d’aller plus haut.