It's a town full of loosers, and we're pulling out of here to win

Comédie et drame, annonce la page SC de ce film. C'est exactement ça, on peut le prendre par un bout, ou par l'autre. Centré autour du personnage de Jim Arnaud, flic dans une petite ville du Texas, à propos duquel on passe son temps à se demander si il est vraiment con ou juste sérieusement atteint. Si l'on penche pour la première hypothèse, ça fait rire. Si l'on penche pour la seconde, ça ferait plutôt pitié, et alors ça devient triste. Car ce type a toutes les apparences de la normalité de l'Amérique bien pensante, mais il dérape en permanence et dans toutes les situations, les plus ordinaires comme les plus dramatiques.


C'est du coup une expérience assez bizarre que de voir ce film. Pas ennuyeuse, car il est bien fichu sur le plan du scénario et très bien interprété, notamment par Jim Cummings qui nous livre une performance assez étonnante. On en ressort finalement avec l'impression d'un pays, les Etats-Unis, parfaitement déboussolé et dont les repères, disons les plus traditionnels, comme la police, la justice et la famille sont certes perpétués, mais sont devenus comme une sorte de farce absurde. Un pays de fous, qui, comme dans un roman de K. Dick, oscille sans cesse entre la réalité et le délire, sans que l'on sache très bien ce qu'est l'un et ce qu'est l'autre.


Et la chanson du boss, qui donne son titre au film, me direz-vous ? J'ai tendance à penser qu'elle est prise à contresens, à dessein, comme pour mieux illustrer ces Etats-Unis désarticulés que filme Jim Cummings. Et d'ailleurs, on ne l'entend jamais durant le film. Bon, Thunder Road, la chanson, c'est une ode romantique à l'évasion, c'est l'idée quitter un bled minable vers un ailleurs qui ne peut être que meilleur. Parce que le pays est vaste et plein d'opportunités. Les lyrics en respirent l'espoir, que dis-je la certitude. Dans le film, c'est l'inverse : il y a bien le bled minable, il y a bien au final l'idée de le quitter. Mais le spectateur que je suis n'a pas cru un seul instant que Jim Arnaud aurait la possibilité de s'en sortir ou d'achever sa rédemption même s'il allait s'installer à des milliers de kilomètres de chez lui.


Peut-être que ce que filme Cummings, finalement, c'est l'Amérique de Springsteen qui s'en va.

Marcus31
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le 23 sept. 2018

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Marcus31

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