Ce qui restera en tête après le visionnage n'est évidemment pas les dialogues qui, souvent incompréhensibles et brouillons, donnent un aspect foutraque au film et compliquent globalement toute son intrigue.
Ce qui restera est bien un style d'image génial que Lucas développe ici ; en 1971 et pour son premier film, il révolutionne la vision de la science fiction et ouvre le champ des possibles.
Son image, recherchée, figée, symétrique, multiplie les plans inédits, originaux, qui jouent avec les lumières, les couleurs, les angles et l'architecture, jusqu'à pousser parfois leur force dans un monde visuel quasi abstrait. C'est peut être cet abstrait qu'ont voulu suivre les dialogues et l'intrigue, mais la sauce ne prend pas. On reste toujours de côté.
C'est dommage car de cette ambiance étouffante se dégage une vraie dimension critique (du capitalisme, de la religion...) et une vraie recherche quasi expérimentale (les scènes avec les fous, aussi glauques que déconcertantes).
S'il l'on comprend pourquoi Lucas a donné à sa société d'effets sonores le nom de ce film (car l'univers sonore est génial, déroutant par sa richesse et ses écarts quasi agressifs) les effets visuels sont tout autant réussis.
On a peine à croire que ce film a été réalisé en 1971 tant les images sont techniquement parfaites et les effets spéciaux pour l'époque hallucinant (les bêtes dans les dernières minutes, entre chat et loup).
Cela éclate au grand jour dans un quart d'heure final qui, après une course poursuite oppressante et génialement filmée, montre toute la force qu'aurait pu avoir ce récit.


Aperçu trop court d'un talent que Lucas aura l'occasion de dévoiler avec ses Star Wars, THX 1138 est à voir comme une curiosité aux potentialités insouponnées.

Charles Dubois

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