La scène d'ouverture de Ti mangio il cuore annonce clairement la couleur, si l'on ose dire, avec son noir et blanc somptueux et l'exécution de membres d'une même famille, filmée hors-champ, dans un souci esthétique qui frôle le maniérisme. Et c'est bien ce qui gêne dans cette histoire de mafia, située dans les Pouilles, et qui s'inspire de certains faits réels : la mise en scène surjoue constamment le drame. Le film a des allures de western et impose avant tout une atmosphère mais ses qualités narratives ne suivent pas vraiment, étirant inutilement un récit qui, bien entendu, enregistre un twist énorme à l'approche du dénouement. Les personnages ne sortent pas d'un certain nombre de stéréotypes à commencer par la femme fatale ou la mère de clan, digne mais impitoyable et qui est la première à pousser à la vengeance la plus aveugle. Plus resserré, moins grandiloquent, le film aurait séduit davantage, au lieu de partir en Pouilles avec la volonté d'en mettre plein la vue, dans une espèce d'opéra tragique pas toujours très maîtrisé.