Fidèle à lui-même, Li Han Hsiang réalise avec Tiger And The Widow un de ces films historique rempli d'intrigues dont il est friand. Signe des temps, il ne peut plus aligner de castings prestigieux comme à l'époque de The Empress Dowager. La Shaw Brothers est en période de déclin et ce ne sont pas les productions élégantes, mais datées, de Li qui vont changer la donne.

Pour construire son récit, Li part d'une facette historique peu connue de l'histoire de la Chine : Le trafic de sel durant la dynastie des Qing (les mandchous). Un détail dans la longue histoire Chinoise, certainement inconnu d'une bonne partie du public. En bon pédagogue qu'il est, Li nous offre en début de métrage un véritable petit cours d'histoire afin de nous éclairer sur les enjeux liés à l'exploitation du sel durant la période.
Ce type de choix illustre bien le style du réalisateur, toujours à cheval sur la vérité historique. C'est ce qui fait sa force : Peu nombreux sont les films historiques produits à Hong Kong qui peuvent rivaliser avec la beauté et le soin apportées aux reconstitutions de Li Han Hsiang (il est souvent son propre directeur artistique). Son sens du détail, sa grande connaissance de l'histoire de la Chine et son goût visuel très sur font de ses films des références en la matière. Tiger And The Widow ne fait pas exception. Costumes et décors resplendissent, parfaitement mis en valeur par le fameux Shawscope aux couleurs éclatantes.

Mais Li Han Hsiang n'est pas juste un formaliste. L'homme aime les personnages forts et les récits complexes, basés sur des grands questionnements moraux. Tiger And The Widow en regorge, principalement axé sur la loyauté. Qui Ly Chen Piao doit il privilégier, ses amis des triades ou sa hiérarchie gouvernementale ? Qu'est ce que doit choisir Chou Ju entre son amour et ses responsabilités ? Des dilemmes puissants sur lesquels le réalisateur met bien l'accent. Hélas, il est trahi par ses acteurs principaux. Les deux stars manquent cruellement d'envergure pour interpréter de façon satisfaisante leurs personnages. Anthony Lau est bloqué dans le mode caïd (son rôle de prédilection) et n'a aucune alchimie avec Tim Lei (dont il est censé être amoureux). Cette dernière pèche, elle, par inexpérience, ne parvenant jamais à camoufler son manque de carrure pour endosser le rôle. Chou Ju est censée être à la tête d'un important réseau de contrebande, un véritable leader donc mais aussi une femme amoureuse déchirée entre ses responsabilités. Un rôle complexe que Tim Lei ne parvient pas à embrasser, se contentant d'une application sérieuse, quasi scolaire, sans la subtilité nécessaire au personnage.

Cet échec des acteurs titres empêche le film de pouvoir déployer l'intégralité de son potentiel et le fait tomber dans la catégorie des œuvres moyennes de son auteur. Pas désagréable mais loin de la maestria de films comme The Kingdom And The Beauty ou The Empress Dowager.
Palplathune
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le 1 mars 2011

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