Avec Tigru, Andrei Tanase s'est inspiré de l'histoire réelle, et néanmoins roumaine, de l'échappée belle d'une tigresse hors du zoo où elle coulait des jours plus ou moins heureux. Le fauve est lâché et la vétérinaire responsable de négligence participe à une battue assez absurde pour le retrouver. Ceci n'est qu'un aspect du film, qui lui donne son suspense, tout relatif, et une bonne dose de drôlerie, quand des citoyens croisent la route d'un félin qui profite de ses moments de liberté. De façon concomitante, le film nous entretient des états d'âme de la vétérinaire, femme blessée et trompée, elle-même prisonnière d'une cage d'obsessions et de ressentiments. Le parallèle ne fonctionne pas si mal entre l'humaine et l'animal et le ton du long-métrage tranche assez avec les exemplaires du cinéma roumain que l'on a l'habitude de voir sur nos écrans, certes souvent brillants mais s'étirant en longueur dans la majorité des cas et saturés de dialogues et de psychologie. Tigru est d'un autre acabit, ramassé dans le temps (80 minutes), linéaire et finalement assez simple dans sa progression dramatique. Ce qui ne l'empêche pas de parvenir à une efficacité réelle que la prestation de son actrice principale, Catalina Moga, rehausse encore.