Une vétérinaire doit récupérer une tigresse enfermée dans une piscine qui lui sert de cage. Dès lors, le mot-clé sera "enfermée".
Car ce n'est pas que l'animal qui est prisonnier, mais aussi cette héroïne captive de circonstances qui l'oppressent et la contraignent à réprimer colère et frustration. Chaque homme dans ce film représente ce qui entrave cette femme: les ecclésiastiques et l'oreille sourde que lui tend l'église, son mari qui la trompe et ne comprend pas sa détresse de mère qui cherche à réhabiliter la mémoire d'un enfant mort, les policiers et les chasseurs qui traquent la bête sans en saisir la valeur, le criminel qui détient la tigresse comme un trophée, le petit jeune qui la suit partout amoureux transi en vain et qui cherche son approbation de mentor à tout prix.
La présence d'une nature que l'on veut maîtriser et qui se montre souvent hostile illustre la relation qu'entretient cette femme avec le monde extérieur, tandis que la relation entre la vétérinaire et la tigresse, entre la soigneuse et la soignée, entre l'humaine et la bête, entre deux proies traquées et deux prédatrices potentielles, crée un micro-univers dans cette histoire où la violence est souvent assourdie par les mots, ceux qui sont prononcés et ceux qui sont tus.